J’imagine que l’actrice/autrice pose sur la table de cuisine le texte qu’elle doit mémoriser pour un prochain rôle. L’un de ses chats prend plaisir à faire chuter la pile de feuilles d’une flexion hautaine de la patte. Le minou rigole derrière ses moustaches lisses.
— Eille ! Tu viens juste de mêler mes répliques, s’exclame-t-elle en ramassant cette enfilade de scènes qu’elle avait oublié de paginer avant impression.
L’autre chat se couche à proximité de sa tasse de thé chai qui sent bon la cannelle. Elle se relève et note sur un bout de papier : Jade, Mia, l’innommable. Qu’ont ces trois éléments en commun ? se demande-t-elle. Elle ouvre son ordinateur portatif et y plonge.
*
Plusieurs mois plus tard, Marie-Chantal Perron est ravie que son deuxième roman L’autre moi soit paru aux Éditions Robert Laffont Québec.
Jade, Mia, l’innommable ont enfin trouvé leur sens.
Jade, sage galeriste, travaille à faire connaître des artistes visuels de talent, essuie le cynisme constant de Mia, sa sœur-mécène et de leur mère. Jade en a assez de leur rendre des comptes. À cause de son entourage malsain, Jade vit ses jours par un déferlement continu de vagues, alors qu’elle ne veut que se reposer dans des eaux calmes.
Au fait, comment gère-t-on au quotidien la jumelle Mia, écrivaine, personnalité publique, excessive, narcissique, habitant en bas de chez soi ? Elle qui fait fuir les amoureux de Jade parce qu’ils manquent, selon elle, de panache, et sont ennuyants comme la pluie. De plus, Mia emprunte constamment les vêtements préférés de sa sœur sans la prévenir. Lourd.
Après tout ce chantage émotif, au moment même où une chatte errante vienne mettre bas de trois splendides chatons dans l’appartement de la romancière, Mia prendra une décision irrévocable.
Est-ce que Jade parviendra à émerger de l’ombre de sa sœur ? Réussira-t-elle à s’affirmer et à exiger qu’on la reconnaisse pour qui elle est vraiment ?
L’écriture de Marie-Chantal Perron déborde d’empathie et de tendresse
pour ses personnages. On rit et on s’attendrit face aux rebondissements
inattendus de l’émouvant roman L’autre moi. Ce formidable
portrait de la gémellité, entre l’attraction et la toxicité, est hautement
jouissif et plus que recommandable.
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