dimanche 14 septembre 2025

Entretien avec Martine Cadéo, femme d'écrivain

 

Ces deux-là étaient destinés à se rencontrer, la femme impliquée en politique aimant la photographie et l’homme de lettres, le poète-philosophe, le romancier, le dramaturge, le conteur.

Je me suis longtemps intéressé au corpus littéraire d’Alain Cadéo. Mais à ses côtés, vivait et vit encore autrement sa compagne, Martine Cadéo. J’ai bien voulu la questionner sur sa vision de l’écrivain et sur son propre rôle à titre de promotrice de l’œuvre de son mari. Vous verrez bien vite leur évidente complémentarité. Je la remercie de s'être confiée spontanément. Bonne découverte.

Comment vous êtes-vous connus ?

C’est une histoire qui commence simplement, mais qui a bousculé nos vies.

J’étais maire-adjoint à Marseille et Alain avait pris RV avec moi pour me parler d’un grand spectacle organisé avec son frère Michel au profit de l’enfance handicapée.

Dès les premiers échanges quelque chose a cliqué.

Nous avons parlé des heures, puis comme on ne s’était pas tout dit nous avons décidé d’aller dîner au restaurant, puis nous avons bavardé jusqu’à 4 h du matin dans ma voiture c’est à 4 h qu’il a pris ma main et l’a mise sur son front, alors je l’ai demandé en mariage…

Qu’est-ce qui vous a plu chez lui, l’homme ou l’artiste ? 

L’HOMME!!! Je le trouvais tellement beau et j’ai été subjuguée par sa façon de parler autrement que les autres, il avait un univers singulier à la fois poétique et brut.

Une journée-type dans la vie d’Alain Cadéo, ça ressemblait à quoi ?

C’était un homme du matin il écrivait très tôt.  Tout dépendait du projet en cours, manuscrit, corrections ou pages libres. Il s’inspirait de ses rencontres, de la marche du monde. Il était en perpétuelle réflexion et souvent dans le doute. Il fallait qu’il me lise ses textes tous les matins et on partait dans des discussions qui n’en finissaient pas.

L’après-midi il disait qu’il n’était bon à rien… alors il lisait ou relisait. J’avais l’impression qu’il avait tout lu. Et le soir il pouvait se gaver de westerns heureux si le gentil gagnait.

Au quotidien, parvenait-il à séparer l’écrivain de l’homme ? 

Pas du tout. C’était un homme très responsable il avait le souci en permanence des autres et surtout des enfants. L’homme était toujours présent parfois en râlant car il détestait le bruit.

Quant à l’homme de lettres, c’était comme partager son quotidien avec un alchimiste.

Rien n’était superficiel et il avait une curiosité insatiable. Il était très attentif aux nuances du langage. Il savait mettre des mots sur le ressenti des êtres, parfois mieux qu’eux même.

Assuriez-vous l’aspect plus temporel, plus terre-à-terre de la vie ? 

On faisait tout à deux. Il détestait tout ce qui était papiers banque, etc…

Mais il le faisait (ceci dit j’ai retrouvé dans son bureau une pile considérable d’enveloppes de la banque qu’il n’avait pas ouvertes).

En fait, on se complétait tout en se ressemblant.

Y a-t-il un personnage qui vous ressemble ?

C’est difficile à dire. C’est vrai que dans chaque livre il y a une réflexion ou une anecdote qui est à nous.

Je dirais que dans Les anges disparaissent où il y a une demi-sœur née en Afrique du Nord, je me reconnais.

Et ce livre j’ai l’impression que nous l’avons construit ensemble entre Venise et Tunis.

Dans chaque livre il y a un morceau de notre vie.

Et puis M que je relis souvent parce que je pense qu’il était le seul à bien percevoir qui j’étais.

Il y a dans ce livre des phrases qui me bouleversent comme « quand tu étais petite j’aurais voulu être avec toi pour pas que tu n’aies pas peur ».

Quels sont les bons côtés de vivre avec un écrivain ?

Aucun ennui, jamais !

Quels sont les mauvais côtés, s’il y en a ? 

Aucun, quand il y a de l’amour.

Vous êtes nés le même jour de la même année. Y avait-il un rapport de gémellité entre vous ?

Évidemment, c’est incroyable des correspondances de dates inouïes. On disait même qu’on se ressemblait physiquement. On venait de deux planètes différentes pourtant.

Alain disait toujours « Tu as un engagement politique et moi un engagement poétique »

Et pourtant toujours dans la même direction.

Vous avez toujours été la promotrice de son œuvre, en quoi cela consiste-t-il ?

Pendant 40 ans, bien avant les réseaux sociaux à chaque sortie de livres, c’était des envois d’enveloppes aux journalistes (ce qui est toujours le cas).

Au téléphone (fixe) avec des rédactions.

Maintenant, j’entretiens beaucoup de liens amicaux avec des journalistes mais aussi des blogueurs que j’admire beaucoup pour leur passion et leur talent pour retranscrire avec émotion une œuvre littéraire.

Et je continuerai à transmettre sur les réseaux des textes d’ Alain ainsi qu’à continuer avec ses Éditeurs les Éditions la Trace à publier des livres ou à republier.

On me demande pourquoi : simplement parce que je ne veux pas qu’on l’oublie.

D’après vous, quelles sont les forces de son écriture ?

Je ne saurais vous dire ce n’est pas facile, car je suis trop proche de son écriture.

Le premier livre que j’ai lu c’était Stanislas. Quand j’ai refermé le livre, je me suis dit « il a tout dit ». 

En cinq mots comment décririez-vous son corpus littéraire ?

Lumière, poésie, humanité, amour, générosité.

Y a-t-il des livres-phares d’Alain Cadéo que vous recommandez de lire absolument ?

J’ai envie de vous dire tous, évidemment.


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