dimanche 25 décembre 2022

Félix au Café temporel de Martin Tétu

 

La vie nous apporte de belles surprises à l’occasion et c’est le cas maintenant avec Félix au Café temporel, premier roman de Martin Tétu aux Éditions Persona.

D’entrée de jeu, je vous dirai que son auteur est consultant en développement culturel, fondateur d’organismes culturels et co-directeur du laboratoire sur la découvrabilité des produits culturels de l’UQAM. 

Ce roman décrit les années 1990 avec ses valses hésitations chez les jeunes partagés entre les études et les projets divers. Imaginez quelques jeunes qui se réunissent au Café Temporel à Québec pour parler d’un journal à fonder qui défendra des causes sociales et la radio communautaire du coin qui se cherche un technicien. Félix décide de mettre ses études en ingénierie de côté pour justement travailler audit café, s’impliquer à cette station de radio, tout en étant fasciné par la jolie Stéphanie de descendance norvégienne.

C’est une très agréable lecture, une belle remontée dans le temps et une douce balade dans les rues de Québec. En prime, ce roman est joliment illustré par Sophie-Audrey Lalonde-Sauvé.

Je vous le recommande chaleureusement.

Extrait :

« Je n’ai pas vraiment de projet pour cet été à part aménager un pue mon appartement et passer un jour ou deux au chalet familial, avec la perspective d’expliquer une fois de plus à mes parents pourquoi je mène cette vie qui inquiète tant ma mère et déçoit mon père. Cette vie où le présent semble plus important que le futur. »

 

© Billet, photo, sauf l’extrait de Martin Tétu, Denis Morin, 2022


dimanche 18 décembre 2022

La signature rouillée de David Beaudoin

 


Il avait fait paraître le recueil de nouvelles L’écueil des mondes en 2021 chez Annika Parance Éditeur. Il récidive en 2022 avec La signature rouillée paru dans la nouvelle collection Coûte que coûte à la même maison.

Antoine G., un restaurateur québécois vivant à Paris, doit restaurer Le sauvetage des malades de l’hôpital de l’Ancienne Charité, œuvre de A. Boulanger au Musée Carnavalet. Un chassé-croisé s’opère dans son esprit, fasciné par la dame en blanc transportée par des brancardiers et sa propre grand-mère qui fut internée au Québec. Le passé l’interpelle.

Et Antoine G. par une sensibilité surnaturelle est en mesure de revoir et de revivre l’inondation de 1910 survenu dans la Ville-Lumière. Tout lui semble possible. Des clefs de compréhension lui sont apportées comme dans un rêve. Des pans du passé lui sont révélés. 

Ce roman envoûtant et singulier traite des femmes dans l’art, d’homosexualité au masculin et au féminin, des liens familiaux, d’Antonin Artaud et de la santé mentale, des œuvres qui vous chamboulent le cœur comme si ces tableaux n’avaient été peints que pour soi et ne parlaient qu’à soi.

Merci pour l’audace de cette nouvelle collection qui décloisonne les genres littéraires et les thématiques et à David Beaudoin qui a relevé brillamment le défi d’écrire le premier opus de ladite collection. On en redemande.

Extraits :

« Une foule d’ombres se tenait derrière lui, parmi laquelle se trouvait la femme en blanc. Une fois à l’extérieur, Antoine G. jeta un dernier regard vers l’hôpital Sainte-Anne dont les murs de briques ondulaient de la même manière que l’avaient fait ceux de la maison de ses grands-parents autrefois. Il n’était plus certain de ce qu’il voyait. Ce n’était peut-être que les battements de son cœur. »

« Il voulut l’aider à se relever, mais ses bras passèrent son corps, tout comme ils passèrent à travers celui de l’homme qui la retenait. Il avait devant lui des fantômes, une vision du passé et il lui était impossible d’intervenir pour changer le cours des choses. »

 

© Photo, billet, sauf les extraits de David Beaudoin, Denis Morin, 2022


dimanche 4 décembre 2022

Quand viendra l'aube de Dominique Fortier

 

Quand viendra l’aube de Dominique Fortier est paru à l’automne 2022 chez Alto. C’est par l’absence que l’on se remémore la présence celle du père, un taiseux orphelin, qui n’eut de fierté ou presque que celle de s’être fait seul et de posséder des livres partagés avec sa fille, puis celle de François Ricard, homme de lettres et universitaire qui eut besoin d’une assistante de recherche intelligente et dévouée.

C’est par l’écriture que l’on rend honneur aux disparus, que l’on se cherche et se trouve, que l’on se tricote une vie seule, à deux, avec une gamine qui grandit à vue d’œil.

C’est par ces heures bleues aux accents de reconnaissance et de mélancolie que l’on sait que sa destinée n’aurait pas été la même sans certaines rencontres dans l’itinéraire des jours.

C’est par ces nuits où l’on berce l’inquiétude et le regret comme deux jumeaux inséparables que l’on se dit que l’aube dissipera les brumes du doute et que le mieux à faire restera toujours d’aimer au présent et d’écrire à propos d’Emily D., des autres ou tout simplement de soi.

Pour la limpidité, l’élégance et l’authenticité, ce bouquin est à lire. Tout va à l’essentiel. Oui, c’est un livre sur le deuil, mais c’est d’abord et avant tout des pages sur la vie. Rien de moins, rien de plus.

Extrait :

« Ces dernières minutes, à Saint-Antoine-de-Tilly, je me les rappellerai toute ma vie. Ce matin du mois de mars, assis dans son fauteuil devant le fleuve, mon père avait ces yeux presque translucides que j’avais déjà vus à sa mère à la fin de sa maladie, les prunelles recouvertes d’un sorte de voile blanc, comme si le regard renonçait à voir dehors et se retournait vers l’intérieur. »

© Photo, texte du billet, sauf l’extrait de Dominique Fortier, Denis Morin, 2022