samedi 29 avril 2023

Tu me rappelles un souffle de Robert Lalonde et Jonathan Harnois

 


Quand un homme de lettres arpente depuis si longtemps les planches et les fibres du bois communique avec un jeune prodige en soif de reconnaissance, ça donne inévitablement une rencontre inoubliable.

Le premier rassure le deuxième sur son don et le deuxième stimule le verbe du premier. On est dans le partage en toute authenticité où les egos sont remisés au vestiaire. Tout se dit, se vit ouvertement.

Tu me rappelles un souffle, correspondance en quatre saisons de Robert Lalonde et Jonathan Harnois chez Boréal, est de l’ordre de Lettres à un jeune poète de Rainer Maria Rilke. Si j’étais professeur de littérature, je glisserais ces deux ouvrages comme lectures obligatoires.

On cherche toujours à comprendre la nature de l’écriture, les raisons qui nous poussent à nous exprimer et à révéler les notes de notre musique intérieure à l’écoute et au regard des autres. 

Un délice, cette correspondance ! Invitez ces deux auteurs au salon ou à votre table. 

Extraits : 

« Les mots dardent des confins. Grâce à eux nous savons honorer la complexité. Grâce à eux nous avons des mains capables de casser le cou de l’aliénation. Et alors la solitude devient vents d’aube et nuits d’or liquide. » JH

« L’habitude d’écrire peut empêcher d’écrire – tout comme l’habitude de s’y risquer, tu le sais. Eh bien, sache que, depuis toi, je ne compose plus de la même manière, ne rédige plus de la même façon, me fie davantage à ma mémoire imaginante... » RL


© Photo, billet sauf les extraits de JH et de RL, Denis Morin, 2023

 


samedi 22 avril 2023

La poésie m'inspire de Ginette Bernard St-Pierre

 

Ginette Bernard St-Pierre alias Fleur de mer mène sa vie sans tambour ni trompette. Autrice des Basses-Laurentides, elle vient de faire paraître aux Éditions Le Baladin, un recueil de biopoésie intitulé La poésie m’inspire. J’ouvre la couverture comme on débute un parcours en poésie et en prose avec une préface de la poète Diane Boudreau. 

Ce livre se divise en différents segments, selon les étapes de son existence. On y découvre une enfant espiègle et attentive aux autres, dès un jeune âge.

En fait, tout l’enchante. Elle possède une grande capacité d’émerveillement et une candeur dès l’enfance. Son style est agréable à lire, accessible, plein d’espérance en la vie. Dotée d’une saine curiosité, tout l’intéresse. Elle voit le côté lumineux des choses et des êtres. Cette attitude au bonheur se perçoit tout au long du livre.

À un certain poème, Un cœur à l’endroit, un cœur à l’envers, j’entendais marmonner ma mère et ma grand-mère paternelle, lorsqu’elles tricotaient et comme je les trouvais habiles de pouvoir retourner les mailles dans un sens comme dans l’autre.

Ginette Bernard St-Pierre tourne justement les événements et les mots sous un jour lumineux.

On peut se procurer ce recueil aux Éditions Le Baladin. Je vous encourage à le lire.


Extrait :

« Des instants de joie

Lors d’une jolie promenade

Souvenir d’enfant

Rêverie heureuse

La réjouissance m’a comblée

Dans le temps présent

Des petits pas sourds

Voyageant tranquillement

Feront de grands pas. »

 

© Photo, texte du billet, sauf l’extrait de Ginette Bernard St-Pierre, Denis Morin, 2023


dimanche 16 avril 2023

3 de Franck Antunes

 

Franck Antunes, je l’ai repéré depuis un certain temps chez JDH Éditions, ce confrère d’écriture, logeant à la même enseigne, beau gosse qui joue du mystère.

En 2021, j’ai commandé sa trilogie 3, D(i)eux, Une. Souffrant d’une légère procrastination et d’une contemplation de mes piles à lire, je me suis dit qu’il me faudrait tôt ou tard amorcer la lecture de cette trilogie à rebours.

Ainsi, j’ai plongé dans l’opus 3 ! J’en suis encore soufflé par l’érudition de l’auteur au style inclassable. Ici, il nous présente Léo Giraux, cadre dans une société dont le principal dirigeant narcissique souhaite le virer. Léo use de ruse et s’en tire plutôt bien pour éloigner l’épée de Damoclès qui plane au-dessus de sa tête. Le narrateur entrecroise des réflexions sur le monde des affaires et la présentation de ses auteurs préférés.

Constat et verdict : ouvrage brillant mené par un maître pédagogue ! 

Franck Antunes me donne une double envie : le lire pour savourer sa fougue créatrice et replonger dans le corpus littéraire des auteurs proposés.

Vivement Antunes !

Extrait :

« J’aimerais écrire comme on crée une autre réalité, plus probable que le quotidien, une réalité qui nous concernerait plus. Écrire dans une urgence, comme une nécessité, comme un coup de pied au temps qui passe, une bourrade à la grande faucheuse. »

 

© Photo, texte du billet, sauf l’extrait de F. Antunes, Denis Morin, 2023


samedi 8 avril 2023

Voyage le long du crépuscule de Christian Legault

 

Ouvrir un livre, c’est toujours s’exposer à de nouveaux univers et connaître la créativité d’une nouvelle plume. Je termine la lecture du roman Voyage le long du crépuscule de Christian Legault publié en 2022 aux Éditions Hello.

Les hasards de la vie font en sorte que je fus informé du fait qu’il réside dans ma région. Nous sommes presque voisins. Il a pris le beau risque d’être édité en France plutôt qu’au Québec.  

Un chargé de cours au Québec subit les foudres de l’administration de l’université pour son humour qui déplaît en cette ère de wokisme. Il décide de se rendre à Paris pour rencontrer d’anciens collègues d’études et présenter des conférences.

Durant son séjour parisien, il rencontrera furtivement l’amour au Café de Flore où rode encore le souvenir de Sartre et de Beauvoir.

Ce roman atypique fait bien des clins d’œil et est pourvu de moultes pistes de réflexion sur le savoir à haut niveau, Paris, la mort, le Québec coincé par un rythme trop lent, l’histoire, la mythologie et à la Grèce.

J’ai aimé l’écriture raffinée, l’érudition et le cynisme de l’écrivain. C’est intense et dense. Je ne voulais pas refermer ce livre. Voyons de quelle nature sera le prochain opus. Christian Legault n’a pas dit son dernier fort heureusement.

À découvrir.

Extrait :

« Nous allons à Delphes, même si ce n’est plus le centre du monde. Nous visitons son site archéologique, parlons à sa pythie à la langue coupée, puis nous finissons cette journée en escaladant les chemins vallonnés du mont Parnasse, des chemins où l’herbe drue a été broutée par les béliers des montagnes. »

 

© Texte du billet, sauf l’extrait de C. Legault, Denis Morin, 2023; photo, Éditions Hello, 2022.

 

 

 

 

 

 

 


samedi 1 avril 2023

Cailloux et perles de Diane Boudreau

 

Chaque livre de Diane Boudreau est un événement en soi. Issue du monde des arts et de celui de l’enseignement, elle est aussi conférencière sur Félix Leclerc. Cette fois-ci, elle nous arrive avec Cailloux et perles avec une sympathique narratrice Marie Cadet-Soucy.

Les cailloux sont les pépins, les ennuis, les échecs rencontrés sur le parcours de la narratrice. Vous aurez deviné que les perles sont les réussites, les moments de grâce et de magie qui se pointent le bout du nez à l’occasion.

Ce livre se lit le temps d’une soirée, mais quel délice ! C'est comme un partage de confidences. J’ai été porté par le souffle de l’autrice qui, soit dit en passant, est l’une des plus belles plumes au Québec, même si elle est d’une discrétion et d’une humilité.

À lire pour la beauté des faits et des gestes. J’en recommande la lecture à ceux et celles qui doutent et qui sont à la croisée des chemins dans leur vie. Des citations bien choisies appuient les propos de la narratrice.

Pour vous procurer ce livre, on peut joindre Diane Boudreau via Facebook.

Pour l’instant, je lui offre ce billet, cette bille et ces boutons de nacre en périphérie des perles.

Extrait :

« Le dimanche suivant, dès les premières lueurs de l’aube, Marie s’installe seule dans le silence de sa demeure. Elle griffonne, rature, laisse monter en elle, ligne après ligne, ce qu’elle vit chaque mercredi soir, après sa journée d’enseignante, lorsqu’elle retrouve les choristes. »

 

© Photo, texte du billet, sauf l’extrait de Diane Boudreau, Denis Morin, 2023