lundi 26 février 2018

Metropolitan Intégrale de Julien et Laurent Bonneau


Metropolitan peut évoquer des musées, des orchestres, des hôtels… Or, dans le cas qui nous concerne, il s’agit plutôt du Métropolitain, soit le réseau de métro de Paris.

On y fait la connaissance de Vincent Revel qui aurait pu s’appeler Rebelle tant il conteste, fait à sa tête pour mener l’enquête liée à la mort d’un joaillier comme bon lui semble. C’est son profil que vous pouvez voir en couverture de cette BD qui contient trois tomes : Borderline, Cocaïne, Cendres.

Il croisera dans un wagon Alexeï un jeune homme dont il sauvera la vie, tout comme il retrouvera Marc, un chômeur désabusé, au cours de ses itinéraires.

La lecture est captivante au point où j’ai lu ce livre d’une traite dans le train du retour à la maison.  Pas moyen de me décoller l’iris un instant de cet ouvrage magnifique.

Je ne peux en dire davantage sur ces trois vies qui s’entrecroisent pour ne pas dévoiler l’intrigue.  Je ne voudrais pas gâcher le plaisir des futurs lecteurs.

Cette œuvre de Julien Bonneau (né en 1986, scénariste) et de Laurent Bonneau (né en 1988, coloriste, dessinateur et scénariste), publiée en 2013, chez Dargaud, vaut le détour en librairie, si vous aimez les univers glauques liés au polar, les images précises, les revirements de situation.  À découvrir !

samedi 24 février 2018

Malek et moi d'Alain Beaulieu



Que dire d’un roman qui séduit et émeut ?  Quoi écrire au sujet d’une femme qui mourut deux fois ?

De prime abord, j’ai été interpelé par la photo mystérieuse de Manon Francoeur, photographe, en couverture.  Le graphisme épuré et moderne est accrocheur : fond ivoire, bande verticale rouge, rappel du manteau rouge.

Or, tout ce rouge est comme un cœur qui bat et se débat dans l'urgence de vivre chez Nadine… Elle, une lectrice du romancier Alain Beaulieu, voulut parler de sa vie singulière, confier ses souvenirs pour constituer la trame de Malek et moi, paru en 2018, chez Druide.

L’auteur écoute les confidences de cette femme et les transmute en ce récit haletant à la manière d’un thriller qui se déroule entre la France, l’Espagne et le Québec.  Alain Beaulieu émet des commentaires sur le roman en cours de construction et sur son interlocutrice, à la manière d’apartés respectueux, sensibles et discrets.

Il est de ces rencontres qui transforment des vies.  Saluons au passage le séduisant Malek, où qu’il soit… et Amélie, la sœur cadette.  Merci au romancier d’avoir prêté son oreille empathique (sans jamais tomber dans le pathos) et sa plume à Nadine pour nous dire ses mots.  À lire absolument !

samedi 17 février 2018

Dans la poigne du vent de François-Xavier Maigre


Les réseaux sociaux ne servent pas qu’à mettre en ligne les vidéos de votre chat en train de commettre des bêtises, on peut aussi y croiser des éditeurs et des écrivains qui passent souvent presqu’inaperçus. 

Pourtant, mon iris a été capté par la crinière gris acier de l’éditeur Bruneau Doucey sur Twitter, puis je me suis risqué à naviguer sur le site de sa maison pour tomber sur le présent titre publié en 2012.  Aussitôt vu, aussitôt commandé à ma librairie.

Au quotidien, le poète travaille à titre de rédacteur en chef du magazine français Panorama.

Mais revenons à son recueil qui se divise en trois segments :
Je creuse à paumes nues
L’enfance des paysages
Et nos pas sans mémoire

Le poète-narrateur marche, attend le train, traverse les villages anciens et décrit les paysages en touches impressionnistes comme autant de souvenirs et d’états d’âme. Son enfance défile ; sa mère repose en filigrane derrière certains vers.

Il y évoque pudiquement la rencontre amoureuse :
« Je titubais
dans l’œil de ma tempête
quand j’eus vent de ton regard. »

Puis, quelques pages plus tard, il nous présente sa gamine :
« Que veux-tu
je tiens debout par habitude
mes pas sont usés
les tiens
sont des promesses. »

Je termine ce billet par les vers qui ouvrent le recueil et me laissent pantois.
« Au commencement
l’anthologie du monde
l’orfèvrerie de la terre
attendait d’être ciselée
et moi
de te connaître. »

Devant ce style limpide comme une eau de source, lumineux comme un ciel de mai, je ne peux dire au poète que merci et chapeau bas !

samedi 3 février 2018

Comment retenir un dieu qui passe de Stève Michelin


Stève Michelin est un poète né à Sedan, en France, mais qui a grandi en Mauricie, au Québec.  J'ai découvert ce "francophone hybride" sur Facebook, puis je l'ai croisé au centre-ville, lors d'une soirée Solovox.

Dans le recueil Comment retenir un dieu qui passe publié en 2017 aux Éditions du Petit Véhicule à Nantes, en France, le poète s’interroge sur l’essentiel de la vie.

Il nous livre en douceur ses rumeurs intérieures.  Il fait preuve de sensualité, tourné tantôt vers la lumière des jours, puis plongeant dans les abysses des tourments.

Cette citation me semble bien le définir : « Je suis le citoyen mitoyen des frontières poreuses.  Un sas où fermentent les alluvions délicates, là où un seul craquement de pas ; alerte la biche et son tricot de perle.  Je suis l’albatros de la raison des plus hautes mers du monde.  Sans scaphandre sauvant la relique épave, cargaison sans bastion, épris d’abordage échoué. »

On se laisse guider non pas par la raison, mais des impressions posées çà et là.  Il puise à même les archétypes pour en renouveler le propos.

Ce recueil-album est joliment agrémenté de photographies en couleur de Dominique Robillard et de Bernadette Ronveau Michelin, sa mère.

Ces poèmes méritent une lecture attentive et méditative.  On déguste tant les mots choisis que les images foisonnantes qui surgissent des vers.  L’esprit fin du poète méritera sans aucun doute une relecture pour voir si Ulysse et Pénélope se retrouveront non pas à Ithaque, mais cette fois-ci dans la Forêt de Brocéliande.

Longue vie à vous, cher trouvère !