jeudi 19 avril 2018

B.E.C. Blonde d'entrepreneur en construction de Suzanne Myre



Ce livre est paru en 2014 à Montréal aux Éditions Marchand de feuilles.  Petit conseil d’auteur, de blogueur et de lecteur, quand vous avez la joie de tomber sur un écrivain qui nourrit vos neurones et votre coeur, suivez ses œuvres à la trace, lisez son corpus littéraire.

En mars 2018, j’avais lu le percutant recueil de nouvelles L'allumeuse (voir le billet s’y rapportant).  Avide d’en connaître davantage sur l’imaginaire de Suzanne Myre, je me procure B.E.C. avec sa magnifique couverte composée d’une femme en attente du prince charmant portant un papillon nacré en guise de loup.

Je vous dis d’entrée de jeu que ce n’est pas un roman fleur bleue.  Tout le monde reçoit à des degrés divers des coups de bec que la vie peut nous infliger quand ce n’est pas nous-mêmes qui nous en chargeons sans ménagement.  

La lecture fut faite lors de mes déplacements de banlieusard.  Mon visage s’est garni d’un large sourire à maintes reprises dans le train et le métro.

La narratrice, Laurence, s’identifie à titre de veuve d’entrepreneur.  Elle a pourtant tout pour être heureuse : un travail convenable, un appartement coquet, beaucoup d’esprit et un chum beau comme un cœur, mais… Jean-Marc, l’entrepreneur en construction, gère ses chantiers, sa cadence au jogging et fréquente sa blonde pour des miettes de journée.

Pour se détendre, Laurence pratique l’origami et la cleptomanie après ses mots croisés.  Laurence et Jean-Marc apprécient les films d’auteur, le théâtre et le rummy.  On dirait que je remplis un formulaire d’une agence de rencontre avant l’internet.

La narratrice ne demande rien d’autre à son amoureux que des mots doux et du temps à deux.  Or, Jean-Marc, ne faisant pas dans la demi-mesure, offre à sa dulcinée un voyage au Mexique en formule tout inclus. Les vacances se déroulent bien jusqu’au jour où Laurence est prise la main dans le sac… Je n’en dis pas plus pour la trame de l’histoire.

Suzanne Myre déborde de tendresse pour ses personnages et nous guide dans ce roman qui est un véritable « page turner ». J’ai apprécié Laurence, Jean-Marc, Diep la pharmacienne de descendance vietnamienne, Rémi le psycho-clown gay, la lumineuse Paulina, etc.  La plume de l’auteure me fait penser à du John Irving et à du Françoise Dorin.  

Somme toute, voici un livre que madame voudra lire la première et dont monsieur se régalera par la suite.


© texte et photo, Denis Morin, 2018

dimanche 8 avril 2018

À deux doigts de la terre de Noella Leblanc



L’auteure est née à Saint-Eustache, dans les Basses-Laurentides, à l’époque où cette ville de la banlieue montréalaise était campagne.  Jeune adulte, ses yeux ont vu une partie de l’Europe et le Sénégal, avant de revenir s’installer en 1975 avec mari et enfants au Québec.  Elle possède une formation en éducation et en arts.

Elle participe assidûment au Café littéraire que j’anime à l’association eustachoise Toulèsarts vouée à la promotion de la poésie écrite dans la langue de Vigneault et de Leclerc.

Cette enseignante à présent retraitée nous fait voyager avec les mots.  Elle manie les sons et les images à sa guise.  Dans À deux doigts de la terre, recueil publié en autoédition en 2015 chez Bouquin Bec, elle dépeint autant ses états d’âme que les paysages parcourus. 

« Que pourrais-je te dire
tu devines parfois
dans le velours de l’œil
l’éclat d’un ciel d’été. »

Elle décrit les joies enfantines, la vie avec son amoureux, le rythme des saisons.

« Quand viendras-tu au jardin ?
Une gerbe nouvelle
Se pare de grâce et s’offre légère. »

Elle se montre aussi sensible à la misère humaine…

« Réfugié aux mœurs étranges
à l’intérieur du mur poli
langue allongée, manteau charnu
fragile et tendre
je vis d’un va-et-vient
pour fuir air froid, soleil ardent. »

À deux doigts de la terre, Noëlla Leblanc, femme pacifique, fredonne des airs anciens, hume le parfum des fleurs, se réjouit du chant des oiseaux, tout simplement reconnaissante envers la vie.  Une poétesse à découvrir.


© texte et photo, Denis Morin, 2018