dimanche 12 mai 2019

Entretien avec Hervé Richard


Par le passé, je vous ai déjà entretenu de ce poète, romancier et traducteur français vivant en Allemagne. Il est un de mes coups de foudre littéraires des dernières années. Voici.

Vous êtes traducteur de formation, un traducteur fera-t-il nécessairement un bon pédagogue et un écrivain parce qu’il connaît la mécanique des langues ?

Connaître les théories linguistiques, l’histoire et le développement des langues permet de proposer des explications plus fines aux faits de langue, et sans doute de mieux traduire, mais l’écriture, c’est différent. L’écriture, c’est à part.


Abordez-vous la poésie de la même manière que le roman ?

Il y a d’abord l’écriture, le besoin d’écrire, un besoin impérieux qui se fiche des codes. Sur son chemin, elle rencontre des modèles préétablis – roman, poésie -, mais l’écriture, c’est d’abord cette pulsion bizarre qui se saisit de tout.


Écrit-on pour se dévoiler ou se cacher ?

Les deux.

Peut-on être encore romantique au XXIe siècle ?

Le mot romantique est chargé de trop de significations. Je suis incapable de répondre à cette question.


Pourquoi écrivez-vous ?

Pour respirer.


Avez-vous déjà songé à traduire des auteurs étrangers ?

Oui, par exemple ce roman contemporain allemand que j’ai beaucoup aimé – Herr Jensen steigt aus, de Jakob Hein. Mais en fait, j’ai assez de mes 30 heures hebdomadaires de traduction dans une ONG. 


Vous sentez-vous français, allemand ou russe, lorsque vous écrivez ?

J’ai une passion sans bornes pour la langue russe, et j’adore la poésie de langue allemande – Rilke, Hofmannsthal, Trakl, Bachmann, Lasker-Schüler, Carossa -, mais quand j’écris, je me sens français. Les auteurs français m’habitent et m’accompagnent. 


Les états de grâce, vous les vivez à titre d’écrivain et/ou de lecteur ?

Les états de grâce, c’est Le Bateau ivre de Rimbaud, Le Voyage de Baudelaire, Le Monologue de Jeanette de Péguy, Le Mot “vie” d’Aragon, La Vie devant soi d’Émile Ajar. Les états de grâce, c’est quand le rythme rencontre exactement le sens.

Silence ou bruits ambiants, sédentarité ou voyage, dans quelles conditions écrivez-vous ?

Chez moi, dans le silence absolu.

Lisez-vous votre poésie devant public ?

Jamais.

Écrit-on pour soi ou pour les autres ?

Les deux. Et pour passer à autre chose aussi.

Vous sentez-vous apparenté à d’autres écrivains ?  Si oui, lesquels ?
Je les aime tous. Mais je dois faire mon chemin seul.

Des projets à venir…  Sur quoi travaillez-vous en ce moment ?

Je travaille actuellement à une grammaire.

Comment pourriez-vous résumer votre écriture en cinq mots ?

Je ne sais pas.




© Entretien, Denis Morin, Hervé Richard, 2019
    Illustration d’Orénoque, Edilivre, 2019

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