Johanne Bilodeau, artiste-peintre, se lance dans l’aventure de l’écriture avec La constellation des origines, roman publié en 2022, chez Le bout du mille. La couverture avec cette chaise et ce tableau dans le tableau est Désir et regret, une œuvre de l’autrice elle-même. Bravo, superbe entrée en matière.
Mauve, peintre, veille sur sa mère Éléonore, ancienne artiste ayant cessé de créer. Elles vivent ensemble à Pointe-aux-Trembles, au bout de l’île de Montréal, à portée de rivière et de fleuve. Les promenades quotidiennes la plupart du temps en silence entre mère et fille seront l’élément déclencheur d’une introspection et d’une quête des racines.
Mauve, larguée par le mari et voyant leurs quatre filles gagner en autonomie, s’interroge sur ses origines françaises, micmac, acadiennes, irlandaises, franco-américaines. Tous ces ancêtres sont les fibres qui la composent. L’errance, le départ, le retour, l’enracinement et le déracinement font partie du vécu des prédécesseurs comme du sien. Par eux et par elles, Mauve définit son essence et ses liens avec le monde.
Johanne Bilodeau alterne la narration omnisciente (à la troisième personne) à la narration au Je, cela donne des éclairages différents. On passe ainsi de la clarté diffuse d’un sous-bois à la lumière vive d’une clairière. Tout n’est pas à trancher au couteau. Chaque décision majeure d’un.e ancêtre eut inévitablement un impact sur la destinée de l’entourage immédiat; impact qui se répercutera jusqu’à la descendance plus ou moins lointaine.
La constellation des origines est l’itinéraire d’une artiste avec ses envolées, ses coups de pinceau, ses temps d’accalmie, ses doutes et ses instants de grâce. Ce roman contient une bonne dose de prose poétique qui fait du bien tel un thé au jasmin réconfortant et parfumé. Il y a une certaine parenté dans le style avec Hélène Dorion.
Vivement de nouveaux opus. Une nouvelle plume à lire.
Extraits :
« Sur le manteau de la cheminée, un jouet antique interpelle la flâneuse. Celle-ci lève le nez et l’observe, gardant entre eux une certaine distance. Le petit cheval berçant auquel il manque les deux bascules appartenait à son parrain Ozias. Mauve se souvient du jour où elle a décidé de faire sien l’objet de bois. »
« Puis, à bord d’une légère embarcation en bois sculpté, je dessine les contours de mon habitat. Sur les eaux limpides des canaux de l’archipel, des traces persistent de mon passage. Sillons mémoriels, écumes des souvenirs, lignes de vie, tous participent à l’élaboration de la Constellation vivante des origines. »
©
Photo, texte du billet, sauf les extraits de Johanne Bilodeau, Denis Morin,
2022
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