Il est toujours plaisant de lire un inédit, un livre qui sera présenté au public le 18 août 2022. C’est le cas avec L’Homme qui veille dans le pierre (L’âme de Mayacumbra) de Alain Cadéo aux Éditions La Trace. Il s’agit de la suite de Mayacumbra dont je vous ai déjà parlé.
Or, vingt ans plus tard, Jeanne demande à son autre fils, Augustin, peintre reclus, de se lancer sur les traces du disparu. Elle pressent qu’une surprise providentielle niche en pleine jungle. En bon fils obéissant, Augustin quitte la France pour ce hameau perdu dans un creux humide, au pied d’une montagne vrombissante cracheuse de feu.
Oh ! Découverte ! Théo eut le temps de connaître Lita, d’être père de Maria, jeune femme mystérieuse aux yeux verts comme ceux du défunt. À son tour, Maria est la mère de Lina, cette gamine qui nommera son grand-oncle ‘’grand-père’’.
Ce roman à la prose si poétique contient deux niveaux de lecture : le récit d’un cadet qui marche dans les pas de son aîné et le journal intime d’un homme que la gamine lira plus tard. Au fond, ces deux niveaux forment déjà les contours en rouge et en noir de peintures rupestres que le peintre se plaît à dessiner par pur ravissement.
Solstice, un grand gaillard métisse, offrira à Augustin les cahiers de son frangin qu’il conservait par devers lui pour plus tard et qu’il remettrait au moment propice, sachant que la vie est constituée de cycles, de départs et d’étonnants retours.
Solitaire, Augustin tissera des liens avec les résidents de cet étrange lieu qui considèrent Théo à titre de protecteur. D’ailleurs, les villageois racontent parfois entendre sa voix au travers de sa geôle de lave refroidie, percevoir la robe grenat de Lita descendre par un sentier escarpé et ouïr le braiment du fidèle Ferdinand.
Mayacumbra et L’Homme qui veille dans le pierre sont à lire évidemment.
Extraits :
« Lis, glisse et passe. Laisse-toi porter par ce radeau de phrases. Ne nage pas à contre-courant. Soit, tu brûleras tout, soit tu mettras dans un tiroir ce paquet d’impressions que tu ressortiras un jour, plus tard. Derrière toute musique qui nous est familière, au-delà d’un tableau que l’on connaît par cœur, foisonnent mille détails qui remontent à la surface. On appelle cela le temps de la décantation. »
« De moi, mort enfin, on ne trouvera peut-être que cela : une suite de pages craquantes, jaunies comme autant de mues, de chrysalides… Et puis rien, que le vent, qui portera très loin, plus haut encore, l’aile de mon sourire… Mon sourire, pour toi Lita, mon émeraude, mon secret du bout du monde… » Théo
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Photo, texte du billet, sauf les extraits de Alain Cadéo, Denis Morin, 2022
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