dimanche 15 décembre 2024

Le trophée de Henri Chassé

 

Henri Chassé manie depuis longtemps les mots à la fois à titre de comédien et d’écrivain. Il excelle en poésie et dans le roman. Cette fois-ci, il nous propose Le trophée paru chez Mains libres.

J’en ai débuté la lecture par une nuit d’insomnie. Je savais que les mots de l’auteur me seraient de bonne compagnie. Je ne fus pas déçu, loin de là.

Les deux personnages principaux sont Simon, un comédien au sommet de sa discipline, et Gabriel, un adolescent en pleine dérive. Après la remise d’un prix d’interprétation au Monument-National, Simon tombe sur un Gabriel désœuvré. L’acteur, qui lui a remis une enveloppe contenant une généreuse aumône, oublie son trophée au restaurant. Le jeune s’en empare.

S’ensuit le périple de l’artiste épuisé jusqu’à Nashville au Tennessee, pendant que Gabriel continuera d'errer par les rues de Montréal.

Ce roman est un très beau road movie avec d’envoûtants travellings. Tout défile à notre iris. Les intentions des personnages très attachants sont une eau limpide. On les accompagne au jour le jour.

Dès le début de la lecture, je me suis posé les questions suivantes :

Est-ce que Simon cessera de se faire squatter par des personnages ? Gabriel parviendra-t-il à faire la paix en lui ? La musique et le silence seront-elles le remède à leurs tourments respectifs ?

Au petit matin, j’ai refermé le livre en me disant : « Zut, pas déjà terminé ! »

Je vous invite à rejoindre Simon, Gabriel, Geraldine, Lehna, Marianne, Ron et les autres. À découvrir.

 


dimanche 8 décembre 2024

Venise Off de Martine Roffinella

 

Le livre Venise Off paru chez La manufacture de livres m’est parvenu quelques jours avant mon départ pour Bari dans les Pouilles. Je m’en suis gardé la lecture pour mon trajet en avion Bari-Venise. Je ne l’ai pas regretté.

Ce roman autofictionnel est un coup de poing au ventre. Elle tente comme elle le peut de s’affranchir des diktats sociaux et familiaux. Depuis son adolescence, elle aime les femmes. Qui pourrait l’en blâmer, si ce n’est ses parents aux gestes violents et aux propos vitrioliques.

Elle rêve de se rendre à Venise avec la future femme de sa vie. Chaque chapitre brosse le tableau d’une nouvelle histoire d’amour qu’on lui souhaiterait la définitive. À la limite, je l’imagine très bien jouer à sa manière Mort à Venise de Visconti sur le Lido.

Ce livre se parcourt comme un journal intime où l’on apprend les rares moments de joie et les déboires successifs. Elle est la narratrice, l’actrice et la spectatrice de sa propre vie. Une telle confidence directe et lucide au lectorat me frappe de plein fouet. Bref, c’est du haut calibre.

Marguerite Duras insistait sur l’importance de la solitude et le retrait des autres pour parvenir à la pertinence du texte. Martine Roffinella creuse ce même sillon de silence pour crier haut et fort son existence.

Elle possède l’audace des artistes alternatifs, mais elle mériterait à mon humble avis une reconnaissance publique afin de passer l’off à l’officiel.