mercredi 4 janvier 2023

Créole Blues de Jean-Marc Beausoleil

 

Jean-Marc Beausoleil a créé un nouveau genre littéraire au Québec, la creative non-fiction. Il enseigne aussi en milieu collégial les médias et la littérature.

Dans Créole Blues paru en 2022 aux Éditions Somme toute, on est d’abord séduit par cette peinture ressemblant à un portrait de Modigliani qui lui s’était inspiré des masques africains aux figures longues.

Puis on ouvre la couverture et on fait connaissance avec différents individus connus ou pas du tout qui ont eu à prendre le chemin de l’exil vers le nord. Ils racontent leur existence et leur volonté de survivre et de vivre, leur adaptation à cette autre réalité. Le pays est-il cette île abandonnée derrière ou bien cette gigantesque parcelle constituée d’eaux et de forêts ? Peut-on à la fois avoir un pied enraciné au sud et un autre plus au nord, sans se sentir écartelé ? Même arrivé ici s’inscrit-on dans le paysage culturel et économique du lieu d’accueil ?

Poser ces questions, c’est aussi livrer des éclats de couleurs, des réponses sur la mosaïque qu’est le monde.

Jean-Marc Beausoleil va à la rencontre de membres de la diaspora haïtienne qui étudient, écrivent, pensent, innovent, éditent, soignent, excellent en sports.  J’ai beaucoup aimé les références historiques à Haïti et le clin d’œil fait à Jeanne Duval, la maîtresse de Charles Baudelaire. 

Dans Créole Blues, nous naviguons doucement, nous tanguons entre quête journalistique rigoureuse et envie folle de transmuter les personnes interviewées en personnages de roman ou de cinéma. Vivement un rappel !

Extraits :

« Vivant à Longueuil depuis de nombreuses années, formé par des institutions locales, il insiste : « Je revendique mon être québécois. C’est comme pour mon fils. Sa mère est saguenéenne. Je lui dit : ʺAttends-toi qu’on va toujours te demander d’où tu viens. Ça va faire partie de ta réalité.ʺ » Stanley Février, peintre

« En Afrique, dans les Caraïbes, il y a des cultures qu’on prétend être en marge d’un certain centre. Moi, je brouille les cartes. Je place le périphérique au centre, il n’y a plus de centre ni de périphérie. » Rodney Saint-Éloi, écrivain, éditeur

© Photo, texte du billet, sauf les deux extraits, Denis Morin, 2023


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