dimanche 4 décembre 2022

Quand viendra l'aube de Dominique Fortier

 

Quand viendra l’aube de Dominique Fortier est paru à l’automne 2022 chez Alto. C’est par l’absence que l’on se remémore la présence celle du père, un taiseux orphelin, qui n’eut de fierté ou presque que celle de s’être fait seul et de posséder des livres partagés avec sa fille, puis celle de François Ricard, homme de lettres et universitaire qui eut besoin d’une assistante de recherche intelligente et dévouée.

C’est par l’écriture que l’on rend honneur aux disparus, que l’on se cherche et se trouve, que l’on se tricote une vie seule, à deux, avec une gamine qui grandit à vue d’œil.

C’est par ces heures bleues aux accents de reconnaissance et de mélancolie que l’on sait que sa destinée n’aurait pas été la même sans certaines rencontres dans l’itinéraire des jours.

C’est par ces nuits où l’on berce l’inquiétude et le regret comme deux jumeaux inséparables que l’on se dit que l’aube dissipera les brumes du doute et que le mieux à faire restera toujours d’aimer au présent et d’écrire à propos d’Emily D., des autres ou tout simplement de soi.

Pour la limpidité, l’élégance et l’authenticité, ce bouquin est à lire. Tout va à l’essentiel. Oui, c’est un livre sur le deuil, mais c’est d’abord et avant tout des pages sur la vie. Rien de moins, rien de plus.

Extrait :

« Ces dernières minutes, à Saint-Antoine-de-Tilly, je me les rappellerai toute ma vie. Ce matin du mois de mars, assis dans son fauteuil devant le fleuve, mon père avait ces yeux presque translucides que j’avais déjà vus à sa mère à la fin de sa maladie, les prunelles recouvertes d’un sorte de voile blanc, comme si le regard renonçait à voir dehors et se retournait vers l’intérieur. »

© Photo, texte du billet, sauf l’extrait de Dominique Fortier, Denis Morin, 2022

 

 


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