vendredi 4 mars 2022

Ce livre ne s'adresse qu'à 0,00005 % de la population de Bertrand Laverdure

 

Bertrand Laverdure est polyvalent : poète, romancier, librettiste, wikipédiste, ex-chroniqueur littéraire à la télé, Poète de la cité de Montréal de 2015 à 2017.

Il vient de faire paraître Ce livre ne s’adresse qu’à 0,00005 % de la population chez Hamac, dans la collection poésie. Ce recueil empreint d’une grande lucidité pose la question sur le lectorat restreint de ce genre littéraire. Le public consomme des livres de cuisine, déco, informatique, des traités pratico-pratiques, des romans d’écrivains connus. Par conséquent, les nouvellistes, les dramaturges et les poètes restent à la traîne, ce qui est déplorable en soi.

On dit que la poésie est si personnelle et hermétique. C’est vrai qu’elle est porteuse d’émotions et de ressentis. En ce sens, le poète endosse le rôle du témoin de l’humanité. Par son expérience, les métaphores et les réflexions, le lecteur se reconnaît en lui. Le public écoute des chansons, sans comprendre qu’il consomme aussi de la poésie agrémentée de musique.

Le poète déambule au cimetière de Montparnasse à Paris où il songe aux poètes et aux philosophes qui ont connu cette ville. Il partage des moments de sa colocation d’appartement, rédige des cartes brèves, observe les passagers et les mendiants SDF à la station de métro McGill.

Il résulte de la lecture du recueil d’être en présence d’un individu qui expose des parcelles de lui-même et de nous, par effet-miroir, en toute lucidité. J’ai aimé ce recueil. Je me suis reconnu dans son propos sur l’écriture de poésie.

Extraits :

« Je ne sais plus à qui je m’adresse mais je m’adresse. Je continue. J’allonge la logorrhée des heures dans l’île épicentre (la terre), j’ajoute, j’étire, je fabrique du non-silence. Du différent… »

 

« Nous sommes des primitifs

Avec des outils délictueux

des ventres d’oiseaux malades »

 

« Ne jamais être soi ne fatigue personne.

La mort ne vient pas sur un lit froissé

hier, je me suis vu

dans le métro, je ne choisis que la barre triple,

la fourche publique

pendant mon ascension, les escaliers Billie Eilish

imitent des voix »

 

© Photo, texte du billet, sauf les extraits de B. Laverdure, Denis Morin, 2022

 

 

 


Aucun commentaire:

Publier un commentaire