vendredi 4 février 2022

Zoé de Alain Cadéo

 

Si ça continue, mon blogue de lecture tournera en festival-hommage à Alain Cadéo. J’assume mon admiration. Ce poète dans l’âme a publié en 2015 chez Mercure de France cette œuvre toute en finesse intitulée Zoé.

Je vous informe que ce roman fut traduit aussi en mandarin, comme quoi un excellent roman sait voyager.

Imaginez un homme usé par la vie, vivant loin de ses enfants devenus grands, isolé dans un bunker avec pont-levis au sommet d’une montagne. L’habitation fut aménagée par lui et Haril, un ancien légionnaire nomade. Comme voisinage, ils ont les aigles, les cerfs, les sangliers. On chauffe le poêle, on touille la soupe, puis le vin cuvé après un quignon de pain et du fromage avalé. L’amitié réchauffe le cœur et l’esprit. En l’absence d’Haril, les cahiers et les plumes tiennent compagnie.

L’homme au long manteau est surnommé Henry par une caissière de boulangerie nommée Zoé à la recherche d’un sens à sa vie. Toute pimpante et coquette, elle aimante les regards. Lui s’ennuie de ses mômes et elle de sa sœur disparue trop tôt. Chacun porte son poids de silence. Un matin, Zoé commet l’audace d’insérer un billet dans une miche et le vieux client épris de grâce et de fraternité se met à lui répondre. Ce dialogue pour deux voix esseulées se poursuit des semaines et des mois. Chacun est fasciné par les mots et la graphie de l’autre.

Il m’arrive souvent de penser que les êtres qui croisent nos vies sont comme une solution révélatrice dans laquelle on plonge un film, une pellicule pour révéler une image, celle de notre essence.  Par la suite, ces guides disparaissent, mais leurs messages demeurent inscrits en nous.

Lire du Cadéo, c’est tout simplement contempler la lumière de l’aube.

Extraits : 

« Chaque fois je me dis qu’il a raison Henry. Je ne sais pas trop à quoi ressemble la Patagonie mais ce dont je suis sûre c’est que c’est immense, sauvage et sans limites. Chaque fois ça me rend heureuse de savoir qu’en moi il y a tellement d’espace. »

« J’ai tellement appris à me contenter de peu. Tout me comble, le plus petit cadeau du monde est une joie au cœur de mon silence. Un sourire de Zoé a le pouvoir d’une pépite d’uranium. »

 

© Photo, texte du billet, sauf les extraits de A. Cadéo, Denis Morin, 2022


4 commentaires:

  1. Ces lignes redonnent à ceux qui l'ont perdu du sens à la vie et la sagesse du bonheur simple à portée de mains ou d'yeux! ""« J’ai tellement appris à me contenter de peu. Tout me comble, le plus petit cadeau du monde est une joie au cœur de mon silence. Un sourire de Zoé a le pouvoir d’une pépite d’uranium. »

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    1. Je partage votre avis. Ce roman déborde de tendresse et de lumière. Merci de votre commentaire.

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