dimanche 23 janvier 2022

Cette part d'obscurité de Michel Dufour

 

Michel Dufour a enseigné les lettres. Il est nouvelliste et romancier depuis une trentaine d’années. Son parcours est marqué par le goût de transmettre et la soif de communiquer.

Dans Cette part d’obscurité, recueil de nouvelles paru en 2019, l’auteur fait preuve de cynisme ou d’une très grande lucidité. Je dirais que c’est à mi-chemin entre les deux. Cet observateur du monde dépeint les réalités suivantes : un enfant atteint d’une maladie rare qui le fait paraître vieux; un vendeur de bonbons qui cache une autre vie; une mère qui humilie son fils à l’obésité morbide; une fillette qui envie une amie ayant un père; une vieille femme qui subit les mauvais traitements de sa belle-fille; un étudiant couvant des projets de vengeance envers son professeur qui a le malheur d'inviter une romancière ennuyante; des gens atteints de démence; un homme se dotant d’une fausse identité; la bébé-thérapie pratiquée auprès de vieillards; la résidence pour personnages âgées où l’on joue à vivre et à mourir à petit feu; l’écrivain mature et son jeune concurrent qui le plagie à pleins paragraphes.

Comme vous pouvez le constater, il y a là matière à réfléchir, à rire ou à pleurer. Le style est plutôt réaliste avec des accents felliniens inattendus au détour. J’aime beaucoup.

Extraits :

« L’heure approche. Thomas anticipe intensément les minutes qui le séparent de la mort de cette femme à qui il ne veut aucun mal, même s’il a trouvé son roman d’une platitude exemplaire. Il fait carrément du sang de cochon. »

« J’avais l’impression que son univers romanesque faisait écho au mien, que nos démarches s’apparentaient. Tels des éclaireurs, lui et moi tenions de jeter un peu de lumière sur cette mystérieuse part d’obscurité qui habitait nos personnages et teintait leurs comportement. »

 

© Photo, texte du billet sauf les extraits de M. Dufour, Denis Morin, 2022

 


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