Michel Dufour a enseigné les
lettres. Il est nouvelliste et romancier depuis une trentaine d’années. Son
parcours est marqué par le goût de transmettre et la soif de communiquer.
Dans Cette part d’obscurité,
recueil de nouvelles paru en 2019, l’auteur fait preuve de cynisme ou d’une
très grande lucidité. Je dirais que c’est à mi-chemin entre les deux. Cet
observateur du monde dépeint les réalités suivantes : un enfant atteint d’une
maladie rare qui le fait paraître vieux; un vendeur de bonbons qui cache une
autre vie; une mère qui humilie son fils à l’obésité morbide; une fillette qui
envie une amie ayant un père; une vieille femme qui subit les mauvais
traitements de sa belle-fille; un étudiant couvant des projets de vengeance envers son professeur qui a le malheur d'inviter une romancière ennuyante;
des gens atteints de démence; un homme se dotant d’une fausse identité; la
bébé-thérapie pratiquée auprès de vieillards; la résidence pour personnages
âgées où l’on joue à vivre et à mourir à petit feu; l’écrivain mature et son
jeune concurrent qui le plagie à pleins paragraphes.
Comme vous pouvez le constater,
il y a là matière à réfléchir, à rire ou à pleurer. Le style est plutôt
réaliste avec des accents felliniens inattendus au détour. J’aime beaucoup.
Extraits :
« L’heure approche. Thomas anticipe intensément les minutes qui
le séparent de la mort de cette femme à qui il ne veut aucun mal, même s’il a
trouvé son roman d’une platitude exemplaire. Il fait carrément du sang de cochon.
»
« J’avais l’impression que son univers romanesque faisait écho
au mien, que nos démarches s’apparentaient. Tels des éclaireurs, lui et moi
tenions de jeter un peu de lumière sur cette mystérieuse part d’obscurité qui
habitait nos personnages et teintait leurs comportement. »
© Photo, texte du billet sauf les extraits de M. Dufour, Denis Morin,
2022
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