vendredi 24 décembre 2021

Femme forêt d'Anaïs Barbeau-Lavalette

 

Le hasard fait bien les choses. Le présent livre était mon prochain dans ma pile à lire. Or, il y a deux semaines, j'étais assis à un café à la Gare centrale de Montréal quand je l'ai aperçue. Elle portait du bagage. Je n'ai pas osé la saluer, mais je me suis dit que cela me confirmait mon avancée au large dans cette œuvre littéraire.

En 2015, l’écrivaine et réalisatrice Anaïs Barbeau-Lavalette nous présentait sa grand-mère Suzanne Meloche, peintre et poète, dans La femme qui fuit. Elle récidive en 2021 pour notre plus grand bonheur chez Marchand de feuilles avec Femme forêt.

Elle met comme épigraphe une citation de Romain Gary : « Ne dis pas forcément les choses comme elles se sont passées, mais transforme-les en légendes. » Elle recrée le vécu des uns et des autres.

C’est un roman biographique où évoluent son clan et elle-même. Les enfants lancent des galets à la surface des eaux. On plonge parfois dans l’eau froide de la rivière. Le père des enfants et conjoint compose au piano. Elle se balade à l’orée de la forêt et récolte des plantes diverses que l’on suspend pour séchage avant d’en parfumer la nourriture. La famille se partage une maison bleue et une maison rouge. Elle reconstitue le passé des gens d’avant : les grands-parents, celui d’une ancienne propriétaire ou encore d’une femme dont la pierre tombale est trouvée sur le terrain. Perspicace et créative, tout est prétexte à réflexion, à émotion. Elle sème dans son texte des références à l’entomologie, à la botanique et à la philosophie. 

Ce livre est tout simplement une bouffée d’air frais et une douce chanson fredonnée pour les êtres aimés vivants et disparus. On entendra encore parler d’elle dans 30 ans.

Extraits :

« Je voudrais être le dehors, ne plus avoir de contours ni de frontières et n’être retenu nulle part. Les plafonds sont trop bas et les murs trop étroits. Je regarde toutes les vies que je laisse passer sans moi. Elles m’invitent, alors j’ouvre les fenêtres. »

« Je pose mon livre et j’ouvre la porte sur la prairie. La brume s’accroche au toit de la montagne, la saison des verges d’or s’amorce, prémices de l’automne. Ça sent le bois brûlé d’un feu qui s’amenuise au loin. Le soleil qui se lève tout juste réchauffe la terre, qui sue sa nuit. »


© Photo, texte du billet, sauf les extraits de l’écrivaine, Denis Morin, 2021

 


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