Mickaël Carlier, entrepreneur social et artiste multidisciplinaire, nous propose en 2021 son premier roman intitulé Arides chez Annika Parance Éditeur. Il frappe fort le mec avec ce titre.
Commençons par le début. Dan, un homme blasé vivant en Ile de France, reçoit par la poste un recueil de poésie de son fils, Elias, qu’il a abandonné bébé. Pris d’une fureur et d’une culpabilité, Dan se met à tout caser, puis s’enfuit pour comprendre qui il est, le pourquoi de sa lâcheté. Il va questionner son père alité et mourant. Ce dernier avare de mots lui livre un seul indice : un village. Ainsi, la course effrénée de Dan le mène dans un bled perdu du midi de la France. En parallèle, une jeune femme terrée à quelques lieues d’un hameau jadis prospère appelle la pluie. Elle parle au soleil et aux rares nuages. Du pied, elle remue pierraille pour réveiller le souvenir des récoltes. On se méfie d’elle. Elle rêve des jours d’avant le malheur. Elle sait intuitivement qu’un étranger aux yeux verts viendra la sauver, tout comme ce village. Il y a aussi une Simone âgée, déterminée, mais flétrie et blessée par la vie.
Et si Dan par la quête de ses racines finissait par s’ancrer dans sa vie d’homme et de père ? Est-ce que Simone pourrait se venger de l’injustice subie autrefois ? Et si Elina sourcière et sorcière renouait le passé au présent ? Peut-on remonter aux jours heureux d’avant et faire renaître la vie de ces ruines et de ces terres arides ?
À la lecture du roman, j’ai pensé à Jean de Florette et à Manon des sources du diptyque L’eau des collines de Marcel Pagnol. J’ai adoré la recherche de Dan, la poésie d’Elias et les incantations d’Elina. J’ai compris l’amertume de Simone. Envoûtement littéraire assuré, vous dis-je !
Extraits :
«
Finalement inventer une sorte de père. Non imaginaire.
Affronter cette enfance aujourd’hui devenue homme.
Un jour peut-être : apprivoiser ce cœur sec.
Légué comme une dette » (Elias)
« Séparées les unes des autres d’une dizaine de mètres, des amulettes étaient fixées à des piquets de bois plantés tout le long du fossé. (…) Elle chuchotait des mots inaudibles. Lorsqu’elle atteignait un piquet qui ne portait pas d’amulette, elle sortait de sa poche arrière quelques morceaux de bois et les assemblait avec soin. Elle portait alors l’objet à ses lèvres. » (Elina)
«
Il avançait de cette démarche chaotique – un immense pantin prêt à se désarticuler
–, il avançait avec en point de mire ce clocher. Les pieds traînant au sol, il
marchait au milieu du village, à la recherche de la maison. » (Dan)
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Photo, texte du billet, sauf les extraits de M. Carlier, Denis Morin, 2021
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