En 2019, l’artiste visuel et poète québécois Mikael Gravelle s’est fait remarquer en étant en lice pour le Prix de poésie Radio-Canada. Les Éditions Hashtag ont eu l’excellente idée de publier Marelle et discorde.
Ce jeune homme frêle sait frapper avec ses mots. Ce n’est pas un bavard, mais chaque poème contient un micro-scénario percutant et efficace. Les images, les mots choisis et un sens du rythme se jettent à la gueule. Dans ce recueil de poésie aux allures vraisemblablement biographiques, on assiste à une totale mise à nu sincère. Ce dévoilement n’est nullement scandaleux. L’enfant battu par un père violent et ridiculisé par une mère disjonctée va avec sa sœur d’une famille d’accueil à une autre. L’adolescent arpente les trottoirs pour du fric et surtout pour des miettes de tendresse. Il connaît d’éphémères d’amours. Conscient et cynique, il sait que son corps sert d’exutoire à des hommes qui achètent le plaisir. Le corps est souillé, mais le cœur est toujours en cale sèche. Puis, le jeune homme se lave des souillures, se rhabille, se prend en main et se dessine des lendemains moins amers.
Une chose est certaine. On veut lire d’autres bouquins de Mikael Gravelle. Voici une plume qui s’envole.
Extraits :
« Je veux partir, lui dis-je en
sanglotant.
Prise d’un élan de bonté,
elle me pousse du haut des
escaliers. »
« Manipuler un homme-enfant
est un moyen comme un autre
de revivre une jeunesse
étouffée. »
« J’ai trouvé en toi ce
je-ne-sais-quoi qui manque aux hommes.
Les chevaux funestes
qui te trainent dans la boue
je les dompte
Mes pieds sanglants
par la vitre
tu les soignes
en battant des cils. »
© Photo, texte du billet,
sauf les extraits de Mikael Gravelle, Denis Morin, 2021
Une lecture qui va au fond des choses et n'hésite pas de mettre en mots la souffrance et l'amertume de la différence.
RépondreEffacerMerci. Je présente et propose un livre. Je prends le pouls de l'ouvrage.
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