dimanche 14 novembre 2021

Débandé de Sylvain Larose

 

Sylvain Larose vient de me faire revivre certains souvenirs du secondaire, moi qui suis presqu’à l’aube de la soixantaine. Cet enseignant progressiste et féministe vient de faire paraître en 2021 chez Les Éditions Sémaphore le roman Débandé. Superbe satire du monde scolaire sur un tableau brossé à la craie de l’école publique ou via un PowerPoint aux commentaires mordants. Ce n’est pas parce que l’on sourit à maintes reprises que c’est nécessairement hilarant. Ce portrait du monde de l’enseignement dépeint certains professionnels imbus de leur pouvoir professionnel.

Par exemple, imaginez Éric, un prof d’histoire, préretraité, râleur à souhait, idéaliste en début de carrière, mais de plus en plus désenchanté au fil des années, insécure sous un vernis d’arrogance. Son couple et sa vie de famille sont des échecs lamentables. Sur ce plan, il n’atteint pas la note de passage. Il gère ses classes comme il le ferait avec des recrues dans l’armée. Silence, écoute, discipline, performance, travail sont de mise. Il encense rarement, il commente et abaisse plutôt par ses commentaires. Il formate les citoyens de demain qui seront des individus dociles, sauf quelques étudiants qui lui tiennent tête dont une adolescente éprise de liberté ayant une mère qui siège sur le conseil des parents.

Jusqu’où cette dictature de l’enseignant se poursuivra-t-elle ? Peut-on éduquer des jeunes comme on le ferait de bêtes de cirque par des cris, des claquements de doigts ? La rigueur intellectuelle signifie-t-elle le contrôle absolu du cursus académique des autres ? Je vous invite évidemment à découvrir ce roman à la prose déjantée et cynique de ce nouvel auteur québécois.

Extraits :

« Je sais que je ne suis pas juste. Certains jeunes veulent apprendre et ils sont contents d’être à l’école. Mais il y a les autres. Je ne peux pas bâtir quelque chose en oubliant les poches, les délinquants, les frustrés. Ben non, si tout le monde était discipliné et avait hâte d’apprendre, je ne serais pas comme ça. Je pourrais me passer du système de terreur… »

« Je n’ai pas à les baigner d’amour gluant pour être un bon prof ! Et puis, mes cours, ce ne sont pas des derbys de démolition non plus ! Je ne hais pas mes élèves, au contraire… sauf qu’un minimum de détachement est nécessaire… Est-ce que je suis détaché ? Pas sûr… Mais non, je ne les démolis pas. Je ne les déteste pas. Reste que l’ennemi, c’est eux. »

 

© Photo, texte du billet, sauf les extraits de Sylvain Larose, Denis Morin, 2021


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