dimanche 8 novembre 2020

Monsieur le Président de Danielle Pouliot

 

À peine lu, à peine encore sonné par le roman percutant Monsieur le Président de la romancière Danielle Pouliot publié en 2020 aux Éditions Sémaphore… J’ai fait la connaissance de Léa, orpheline, ayant grandi chez sa tante Anita, devenue préposée à l’entretien ménager chez Kaffa, une entreprise de cafetières design. 

Dans ce haut lieu créatif créé par Émile le Magnifique, elle croyait y avait trouvé une famille, jusqu’au jour où le fondateur vende au Président parvenu obnubilé par le profit et son pouvoir. Ce sera la descente aux enfers pour le personnel. Toutes les trahisons seront permises dans cet échiquier où les plus retors et les pervers narcissiques conserveront leur emploi. Léa perdra le sien. Elle tentera de se reconstruire, ayant l’estime d’elle-même dans les talons.

Puis, elle dénichera un nouvel emploi, grâce à son chat qui se sera esquivé de l’appartement. Tout est providentiel comme ces retrouvailles avec le Président jadis musclé et tiré à quatre épingles devenu patient dans une résidence de luxe pour malades ayant perdu leur autonomie. Tout en époussetant et en frottant un miroir, elle lui raconte comment elle s’est sentie trahie. Lui, branché, écoute, semble même prendre du mieux, momentanément. Elle s’interroge sur le moyen de se venger…

Pour savoir comment elle aura le dernier mot, je vous invite à lire ce très beau roman dont l’écriture précise me fait penser à celle de Mireille Gagné dans Le syndrome de Takotsubo, recueil de nouvelles publié aussi par la même maison. Il y a des parentés stylistiques dans le monde des lettres. 

J’ai noté que les personnes les plus intéressantes à fréquenter étaient les employés au bas de l’échelle qui sont dotés bien souvent d’un sens fin de l’observation sur la nature humaine.

Une très belle lecture que je vous recommande à mon tour. 

Extrait :

« Pour être honnête, sur le coup, je ne l’ai pas reconnu. Cette silhouette fantomatique étendue sur un lit médicalisé au milieu d’une chambre aux allures de vaisseau futuriste, ce spectre décharné qui avait pour seul signe de vie une respiration sifflante produite par un thorax creux était à des années-lumière de l’envahisseur à la démarche prétentieuse, au verbe autoritaire et au geste souverain qui avait croisé ma route. » 

© Photo, texte du billet, sauf l’extrait de D. Pouliot, Denis Morin, 2020


Aucun commentaire:

Publier un commentaire