dimanche 11 octobre 2020

La fenêtre au sud de Gyrdir Eliasson

 

Poète, romancier, traducteur, Gyrdir Eliasson nous offre en version française en 2020 aux Éditions La Peuplade, La fenêtre au sud. Ce roman avait été publié en Islande en 2012. 

Le personnage principal de ce livre est Jonas qui n’est pas dans le ventre de la baleine, mais qui vit sur le dos de celle-ci. Il possède un appartement à Reykjavik, mais il occupe la maisonnette noire d’un ami sur la côte d’où il observe la vie du hameau avec son café, une minuscule librairie. Ce roman au rythme tranquille nous décrit les jours d’un romancier qui s’isole volontairement pour écrire. Il a égaré la fiche de recharge du cellulaire. Il s’entête à écrire avec une Olivetti dont l’encre du ruban pâlit, au point de n’embosser le papier. Jonas se relit alors tel un aveugle décodant le braille au passage de l’index. Parfois, il s’enrage et balance les pages quand il n’est pas satisfait dans le feu qui crépite dans l’âtre. Des rumeurs du monde apportées par les actualités entendues à la radio sont notées çà et là dans le roman pour rappeler que l’île sort momentanément de son apparente quiétude.

Jonas reçoit du courrier d’une ex-amoureuse qu’il détruit, puis il lui répond par lettres qu’il ne postera jamais. Elles jaunissent et prennent la poussière.

Il s’intéresse à un cinéphile qui projetait des classiques sur le mur blanc du salon et à un peintre hollandais qui dort au cimetière.

La fenêtre au sud est celle près de laquelle Jonas s’assied pour lire et se perdre dans une méditation.

Ce bouquin divisé en quatre saisons comme celles de Vivaldi, je le recommande aux lecteurs qui se questionnent sur la difficulté d’écrire au quotidien, car un roman ne s’écrit pas comme on commande un bagel avec fromage à la crème et un thé noir au casse-croûte du coin. De plus, l’Islande par sa littérature aborde la nordicité d’où la pertinence de s’y ouvrir.

Bonne découverte !

Extraits :

« La douce brise du soir et le grondement lent de la mer font l’effet d’un duo pour orgue et violoncelle. En fait, on n’aurait pas besoin d’autre musique. »

« Les salutations sont réduites au minimum. J’éteins le téléphone, continue de dactylographier quelques mots, pour les recouvrir aussitôt de xxxxxx xxxx xxxxx xx xxxxxxxx x xxxxxx à nouveau. »

« Quand je suis à ma machine à écrire, j’ai parfois l’impression d’avoir travaillé dans une presse à papier tchèque pendant trente-cinq ans et d’avoir emballé de vieux livres et des nids de souris sans arrêt pendant tout ce temps. Une trop bruyante solitude. »

© Photo, texte du billet, sauf les extraits de Gyrdir Eliasson, Denis Morin, 2020


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