Mireille Gagné, d'abord connue à titre de poète et de nouvelliste avec son superbe recueil Le syndrome de Takotsubo, est de retour avec Le lièvre d’Amérique paru en cet automne 2020 chez La Peuplade.
Ce roman est une fable sur la modernité et ses excès de performance. Diane, une employée de bureau parfaite, ne compte pas ses heures. Il n’est pas rare pour elle de quitter le bureau à 20 h. Perfectionniste, elle relit sans cesse ses courriels avant de les envoyer pour que rien ne cloche. Elle se soumet à une intervention chirurgicale que l’on suppose nécessaire pour être plus productive. Elle n’écoute pas les consignes pour la convalescence et subit peu à peu une métamorphose.
En parallèle, Diane se remémore parfois son adolescence à l’Isle-aux-Grues avec l’arrivée d’Eugène, un jeune citadin nettement plus à l’aise à observer les animaux (les oiseaux et les lièvres) qu’à fréquenter la compagnie des humains. Ils apprécier ensemble la grosse mer et un pied-de-vent jusqu'à la tragédie...
Diane continuera-t-elle longtemps à subir ce stress inutile ou prendra-t-elle la clé des champs?
L’écrivaine a cru bon mettre à la fin la légende algonquine de Nanabozo, un lièvre envoyé sur Terre pour apprendre la sagesse aux hommes.
Mireille Gagné possède une écriture précise, pas de fioritures inutiles. Avec elle, on sait quels chemins emprunter. Je recommanderais ce premier délicieux roman aux bourreaux de travail qui perdent leur vie à la gagner injustement.
Extrait :
« Pour calmer son anxiété de performance et économique des secondes Diane compte perpétuellement le nombre de pas séparant son appartement de son travail de marches entre chacun des étages de secondes entre son bureau et celui de la femme qu’elle déteste le temps que ça lui prend pour remplir une bouteille d’eau attendre chez le médecin que le photocopieur finisse sa phase de réchauffage… »
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Photo, billet, sauf l’extrait de Mireille Gagné, Denis Morin, 2020
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