Dans la
vie, le hasard existe-t-il ? Question en apparence tout banale, pourtant d’une
très grande pertinence. En voici, un exemple, j’avais chez moi le roman Natalia
Z. de Chantal Garand publié en 2018 chez Annika Parance Éditeur. J’aime
l’œil qui scrute sur fond doré et marron. J’avais ce livre parmi une pile de
livres à lire. Étant un bibliophile assumé, il me faut une centaine de bouquins
qui attendent mon iris pour me sentir bien. Il me faut des plantes, des livres,
du thé, du vin blanc.
Ce livre
passe très bien à travers le temps puisque des versions en norvégien et en
ukrainien sont au calendrier des parutions dans ces pays respectifs.
Chantal
Garand vit en Norvège depuis 2003 où elle travaille à l’intégration des immigrants.
Hormis ce travail et quelques prix littéraires qui confirme son talent, cette écrivaine
se fait très discrète. Elle observe le cours des jours. Vous la retrouverez sur Facebook et Twitter.
Revenons
au hasard concernant ce roman. Je m’étais dit que je le lirais cet été
tranquille sur ma terrasse. Or, la période de confinement fit en sorte que je me
suis retrouvé à rédiger un roman sur une Québécoise vivant en France à la
recherche de sa fille au Québec. Oh surprise ! Dans Natalia Z.,
c’est le fils Tollef, citoyen norvégien, qui est à la recherche de sa mère
biologique, une Polonaise d’origine ayant passé une partie de la Deuxième
Guerre mondiale en Norvège, comme tenu de sa maîtrise des langues. Tollef sera
aidé dans sa quête des origines par Jeanne, une Québécoise habitant en Norvège.
Chantal Garand et moi, nous avons été dans une similitude thématique.
Donc, j’ai
été ravi par la manière dont Chantal Garand a mené cette histoire de Natalia
qui se confie à Jeanne, mais qui cache des pans de son passé à son fils. Que
faut-il dire, rogner du passé ? Hier appartient-il aussi à notre descendance ?
Jusqu’où peut-on se révéler sans chambouler se propre vie tenue en équilibre sur
un fil de barbelé ?
Si vous
vous intéressez à l’histoire européenne au 20e siècle et que vous avez
un intérêt pour l’Europe de l’Est et la Norvège, cette fascinante histoire est
pour vous.
On
attend le prochain opus de Chantal Garand avec impatience.
Extraits :
« Pour qui opterais-tu ? Celui qui a le droit
de savoir ou celle qui a le droit de se taire ? Penses-y. Tu pourrais très
bien te retrouver dans cette situation. Cela dit, je sais très bien que tu ne
feins pas l’estime que tu lui portes. Absolument pas. Tu as une réelle affection
pour elle, je le sens. Si elle avait mené la vie de n’importe quel quidam, elle
vous en parlerait volontiers, le radoterait sans cesse, comme le font tous les
vieux. Alors ? Qu’est-ce à dire ? À mon avis, il y a anguille sous
roche. »
« Les synagogues et les églises se succèdent, mais
elles n’y entrent pas. Elles se sentent légères, elles flottent. Elles
traversent les saisons et l’été est là. Dans leurs robes de coton, elles se
retrouvent devant les amuseurs publics et les avaleurs de feu qui se tiennent à
l’entrée du parc Stryjsky. Maria lui donna quelques zlotys pour qu’elle aille
les jeter dans le chapeau déposé sur le sol. Elles achètent des épis de maïs
grillés et demandent au garçon de les saler généreusement. Elles marchent le
long de l’étang et vont s’asseoir sur un banc, elles commentent la beauté des cygnes
blancs et leur plumage brillant. Maria la prend dans ses bras, la berce
affectueusement et lui dit « ne m’oublie pas ».
© Photo, texte du billet, sauf les extraits de N.
Garand,
Denis Morin, 2020
Nota
Bene : L’icône sur laquelle j’ai posé le livre est une reproduction de l’icône
de la Trinité de Saint André Roublev.
Merci pour ce billet et cette anecdote sur la similitude. j'avais déjà l'appétit d'aller découvrir ce roman, mais voici maintenant Natalia Z. dans ma clé USB, à lire dans mon jardin okois à l'ombre de l'acacia.
RépondreEffacerBonjour, bonsoir. Vous aimerez beaucoup Natalia Z. C'est un roman qui se lit avec le coeur.
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