samedi 13 juin 2020

Partir de Christian Lemieux-Fournier




« La vie fait très bien les choses… » comme le dit se bien ma mère. Je vous explique pourquoi tout de suite. Un vendredi, ma mère me téléphone avec sa voix affaiblie pour me dire qu’elle entrait à l’hôpital le lendemain, car le cœur ne va plus. Or, ce même jour, Postes Canada sonne à ma porte. J’ouvre et je trouve Partir de Christian Lemieux-Fournier avec cet arbre-ballon qui monte dans le ciel. Les larmes me viennent aux yeux.

Ce livre de récits personnels vient de paraître en 2020 chez Les Éditions Sémaphore. En contemplant la couverture, je vois un signe. Cela fait depuis deux mois que je dis à ma mère que le Ciel l’appelle.

En privé, j’accuse réception du bouquin à Madame Lise Demers qui dirige la maison. Elle me répond aussitôt en mots rassurants. Merci beaucoup. Ma mère est retournée à la maison, mais le temps lui est compté.

Dans les jours suivants, je lis cinq-six pages chaque soir. Je goûte mon plaisir par fragments. L’auteur très sympathique nous raconte dans une prose accessible et sincère les souvenirs qui le lient à sa mère la rebelle et résiliente, à son père l’infatigable travailler, à Josée la sœur courageuse qui presque mourante planifie un voyage-éclair dans la Grosse Pomme, à Xavier le neveu adorable, à Noémie et à Colin les enfants qui pousse leur père à expérimenter le parachute et la montgolfière, à Michèle l’épouse-fée discrète mais combien efficace.

Ces récits si beaux, si authentiques nous soulignent que nous évoluons reliés les uns aux autres qu’ils soient vivants ou disparus.

Merci à l’auteur pour ce partage émouvant mais jamais mièvre. Le bonheur, il le connaît.

Extraits :

« Je me souviens. De tant et tant de choses. Et d’autres encore, de quoi remplir des pages et des pages. Mais j’ai beau chercher, nulle part je ne trouve, dans aucun dictionnaire, livre, encyclopédie, ouvrage de référence, anthologie, comment j’ai pu oublier, avec une telle mémoire, les noms de mes amis d’enfance et de ma parenté. »

« Après quelques jours, parmi la multitude, en pensant à ma famille, à tous ceux qui sont partis, je me sens curieusement bien, comme s’il y avait un fil à suivre et que je le suivais. Bien sûr, je ne suis qu’un parmi tous, une petite unité; mais j’ai l’impression, non la certitude, d’être à ma place, là, partout, ailleurs, de faire partie de cette vie, d’en être un rouage, un grain de sable pour former la plage, une étoile pour créer une constellation. Dans la multitude je suis. »


© Photo, billet, sauf les extraits de C. Lemieux-Fournier,
    Denis Morin, 2020

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