Par cette 73Armoire
aux costumes paru en 2016, le poète Charles Sagalane revisite ses
souvenirs personnels, familiaux, de voyage. C’est son Musée-moi constitué des
observations faites par le principal intéressé.
Il se
met en scène et fait des éléments vestimentaires une scénographie ludique,
nostalgique, parfois contestataire. Une veste lui rappelle son père, un ourlet
sa mère si patiente. La genèse personnelle remonte d’abord aux vêtements de ses
proches. Ces costumes sont trophées de mémoire pour qui sait se recueillir,
réfléchir sur le cycle des saisons et sur les mots entendus.
En toute
similitude, j’ai conservé aussi une couverture de laine tissée par ma
grand-mère paternelle, un veston de lin de mon frère trépassé, le chapeau d’été
d’un ami cher disparu.
Cela
donne un recueil agréable où le poète convie le lecteur à visiter l'armoire
aux costumes pour créer son propre parcours.
Opus
sensible et brillant !
Extraits :
« Machine à coudre Bernina / Collection Denise
Lavoie
« Toi, mon
enfant, tu portais le vêtement. Moi j’allais surfiler ta vie brève. Ourler,
orner. Point zigzag du quotidien et point plume des jours de fête. Si je n’étais
pas ta mère, je tiendrais d’autres cieux. Mais, pour l’heure, marche arrière marche
avant – que tu sois beau et résistant.
« Quand tu
étais l’enfant, je boutonnais ton vêtement. À toi maintenant d’en découdre avec
mes jambes-rêves. C’est ainsi que les choses doivent être. Décousues. Recousues.
Et si brèves. Comme ce papier que tu déposes sur mes genoux. »
« Le poète exerce l’élégance de son œil, le
chatoiement de ses sensations, l’élasticité de ce qu’il perçoit. Sans cesse, il
se fait le vêtement du réel. (…)
« En guise de gamme vestimentaire, le poète fabrique
des formes. À d’autres, le soin du patron, de la confection et des retouches,
du défilé et de la vente. À lui seul, les voyelles seyantes. »
© Photo, texte du billet,
sauf les extraits de C. Sagalane,
Denis Morin, 2020
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