Aujourd’hui, je rencontre Marie-Christine Arbour au Café-épices Bé rue
Saint-Denis à Montréal par un samedi lumineux de février. Nous verrons quelles
sont ses motivations liées à l’écriture.
À quand remonte votre envie d’écrire, pour ne pas
dire votre besoin d’écrire ?
À 11 ans, après un voyage en Amazonie, j’ai voulu m’exprimer. Ce voyage fut
un choc.
Le voyage un choc ?
C’était en 1977. J’ai failli mourir dans la jungle. Utop est
mon roman qui traite de ce voyage. Nous étions à cinq jours de la civilisation.
Nous nous déplacions en pirogue. À l’époque, j’avais 11 ans et j’ai écrit 10
pages. Ce fut l’élément déclencheur.
Écrivaine du silence ou de la cohue ?
Je fonctionne très mal dans le bruit. Je ne peux écrire dans le bruit d’un
café.
Dans Moi, Hercule et dans PsychoZe, il y a Christian et
Marie-Christine. Vos doubles en quelque sorte ?
Oui, il y a une projection dans les personnages. Ce serait une partie plus
audacieuse.
Est-ce qu’une écrivaine vit nécessairement en
marge du monde ?
Dans mon cas, oui. Il y a des écrivains plus sociaux, mais je suis plus en
retrait.
Par choix ?
Par tempérament.
Dans Drag, un roman, vous allez vers un milieu
plus marginal…
Je me suis retrouvé à Vancouver et j’ai réalisé que ma voisine était un drag.
J’étais fasciné par lui ou par elle. Donc, dans ce roman, j’ai exploré cet
univers.
À quel moment écrit-on ?
Entre 10 h et 14 h, je m’installe et j’écris. Si c’est très prenant, je
poursuis en soirée.
Y aurait-il des thèmes que vous souhaiteriez
aborder ?
Pas vraiment. Je viens de terminer un roman sur un transgenre dans les
années ’80-’90. C’est un projet en vue d’édition.
Dans PsychoZe, on passe du roman psychologique et
on va vers le polar. Seriez-vous intéressée par le polar ?
Ce serait mon prochain projet. Ce genre a été longtemps considéré comme
une sous-littérature, de la paralittérature, du roman de gare. J’aimais
beaucoup Agatha Christie dont j’ai lu les romans entre 10 et 12 ans.
Selon vous, est-ce que les femmes sont bien
représentées en lettres ?
Il y en a beaucoup, mais les lit-on autant que les hommes. Je me questionne
à ce sujet. Au Québec, elles sont plus respectées qu’en France.
Est-ce dû à la culture ?
Dans un cours de littérature, une prof disait qu’on pensait que les hommes
traitaient des sujets universels et que les femmes traitaient de sujets plus
marginaux et personnels. Il y a eu évolution. Le sexisme est plus présent du
côté de la France.
Et votre rapport aux réseaux sociaux ?
Je suis absente des réseaux sociaux.
Pourquoi ?
Je ne me sens pas à l’aise.
On revient donc au silence…
Oui, tout à fait.
Comment vos lecteurs vous trouvent-ils ?
C’est le travail de l’éditeur au niveau de la promotion. Elle fait les
versions papier et électronique.
Comment avez-vous découvert sa maison ?
Par hasard, j’ai rencontré une Française qui m’a parlé d’Annika Parance et
d’un inédit de Marie Cardinal.
Y a-t-il d’autres formes d’art qui vous intéressent ?
J’aime l’art, mais je ne visite pas les musées. Je suis plutôt intéressée à
la littérature.
Les idoles ?
W. G. Sebald, c’est un écrivain allemand. Proust.
Pour Proust, c’est un brin de nostalgie ?
Oui, en effet.
Vous sentez-vous dans la bonne époque ?
Je sens que j’aurais aimé être écrivaine dans les années ’60. Américaine,
en anglais de préférence.
Parce que plus de liberté ?
Oui. Il y avait le mouvement Beat avec Kirouac, Allen Ginsberg.
Qu’aimeriez-vous que l’on retienne de vous ?
La marginalité. Elle a parlé de la marginalité.
Donnez-moi cinq mots qui vous décrive ?
Excentrique, sensible, travaillante, discrète, mystique.
Puisse cet entretien inciter les gens à vous
découvrir et à vous lire. Merci.
© Texte, photo, Denis Morin, Marie-Christine Arbour,
2020
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