samedi 15 février 2020

Théo à jamais de Louise Dupré




Les drames n’arrivent qu’aux autres aurait pu penser Béatrice, cinéaste et monteuse au tout début de l’émouvant Théo à jamais de Louise Dupré, roman paru en 2019 chez Héliotrope.

Béatrice monte justement un documentaire sur les jeunes tueurs dans les écoles. Il pleut des hallebardes ce jour-là quand elle reçoit un appel de Floride lui annonçant que Karl son époux et leur fils Théo étaient à l’hôpital. Le fils était parti rejoindre son père qui devait parler devant une classe à l’université. Le fils devait en profiter pour se détendre à la plage. Mais pour quelles raisons le fils a-t-il tiré sur son père ? Théo descendu par un policier ne pourra jamais répondre.

Karl se remet physiquement, rationnalise tout, met tout sur le compte de la détresse psychologique du fils. Quant à elle, Béatrice la narratrice veut comprendre sous la forme d’un journal intime. Elle aura bien fait de se montrer persévérante dans sa quête, puisque des parcelles de réponses lui parviendront, ce qui permettra à ce couple et à la famille de mieux vivre le deuil.

Bien des scènes de ce roman m’ont remué, surtout le dépôt de l’urne de Théo en terre qui m’a tiré des larmes.

Louise Dupré nous rappelle avec délicatesse et tendresse que la lumière finit par dominer les ténèbres.

Extraits :

« Moi, mon enfance, je l’avais vécue à l’abri de l’horreur, dans l’enthousiasme de la Révolution tranquille, est-ce pour cette raison que je me sentais fragile ? J’aimais dire que, avec le temps, j’étais devenue forte de mes fragilités, mais une phrase comme celle-là sonnerait creux désormais, l’impression d’être en verre. »

« Karl m’a trouvé songeuse. Je lui ai dit que je pensais à la beauté du monde. Je voulais en effet me concentrer sur la beauté, et non sur Théo. Il fallait qu’il y ait des moments où nous ne parlions pas de notre malheur, des moments où la joie chasse la tristesse, ce serait désormais une discipline à cultiver. »



© Photo, texte du billet, sauf les extraits de Louise Dupré, Denis Morin, 2020

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