mercredi 1 janvier 2020

Moi, Hercule de Marie-Christine Arbour



Après des études en lettres et en philosophie, Marie-Christine Arbour s'est mise à l'écriture. Elle n’en est pas à ses premières armes en termes d’écriture. Je la découvre enfin avec Moi, Hercule paru en 2017 chez Annika Parance Éditeur. Ce roman m’a accompagné durant les fêtes 2019.

Dans ce roman singulier, un quinquagénaire intello et agoraphobe, bisexuel et ancienne reine de la nuit dans les cabarets se voit offrir à la mort de son père douze travaux comme à Hercule pour se mériter un héritage de deux millions de dollars. Cet intello aura à sortir de son cocon. Sa quête partira de Montréal pour se poursuivre à Paris, à New York avant de se terminer à Vancouver. L’intello réussira-t-il sa quête ?  Est-ce une course au pactole ou un appel au dépassement de soi-même ?

Je fus agréablement surpris par le ton désinvolte du roman, d’autant plus que son autrice est une femme très discrète, effacée, une rêveuse sympathique rencontrée en novembre dernier lors d’un lancement de livre, d’où mon étonnement face à tant d’audace et de talent.

À découvrir une voix qui sort des sentiers battus…

Extraits :

«  Avez-vous toujours de la difficulté à aller dehors ? demande le docteur en me regardant avec intensité.
 Oui.  Et je continue à me coucher dans la baignoire.
En effet, depuis la mort de maman, j’ai commencé à avoir l’impérieux besoin de me lover la nuit dans la baignoire vide. Mais j’ai honte de mes pulsions. Je crains de régresser sur le plan psychique. Pourtant, le sentiment d’enfermement est si doux. »

« Je m’installe dans un fauteuil. Vais-je écrire ? Il m’arrive parfois de ressentir de l’aversion pour le langage. Certes, je rêve de traverser les langues, comme Joyce. Mais aujourd’hui, on veut que les livres se vendent. Je suis tenté de barrer tout ce que je viens d’écrire. Trait castrateur et abolition du moi : lire asservit, détruire libère. »

« Au loin
Au plus profond des mots
Pays de battements de paupières
Les petites gens sourient
Mais j’ai survécu
Ma main pareille à une croix
J’ai mangé l’enfer (…)
Dans ma pensée transparente
Et avec un œil brisé
J’ai oublié… »



© Photo, texte bu billet
    sauf les extraits de M.-C. Arbour, Denis Morin, 2020

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