Nancy Huston, publie à la fois chez Leméac et Actes Sud. Elle a fait paraître
en 2019 Rien d’autre que cette félicité chez Leméac.
Soyons honnêtes, je ne connaissais rien d’elle jusqu’à hier. Je savais qu’elle
est une écrivaine née à Calgary, qui vit avec un écrivain à Paris et qu’elle
joue du clavecin, pendant que monsieur écrit à un autre étage. Juste ça, le
clavecin, ça me séduit.
Je reviens à l’objet de ce billet, dans ce livre bref mais très dense, on
décrit le personnage d’Ariane qui se sait gravement malade et qui décide d’écrire
une lettre à sa fille unique, non pas pour s’excuser d’être exigeante et chiante
à ses heures, mais pour lui expliquer son parcours de femme, sa vie d’amoureuse, sa naissance. Le tout est entremêlé de références mythologiques :
Ariane, le Minotaure, Dédale, Icare, etc.
Comme enfant, on se fait souvent de nos parents des êtres pour ainsi dire
mythologiques. Ils sont à l’origine de notre monde.
Ce livre mérite votre attention pour l’intelligence de cette confidence d’une
mère à sa fille.
Extraits :
« Oui, ils viennent au-dedans de nous, l’homme
et l’enfant. Ils nous habitent. L’homme passe en coup de vent, l’enfant s’incruste.
»
« Pour me révolter contre la passivité que
m’impose le passage inexorable des minutes, j’aiguise plutôt que d’émousser la
conscience que j’en ai. Je dois ruser sans arrêt pour devancer l’horloge, faire
un maximum de choses ou lire un maximum de pages dans une journée… »
« Maman pensait surtout à ariadne :
la merveilleuse araignée de Louise Bourgeois. Tisserande industrieuse et
méthodique, patiente et puissante, femme qui rafistole, recoud, répare, rassure…
Mais en m’appelant Ariane, je crois qu’elle voulait aussi me faire comprendre
que j’aurais à dévider mon propre fil, à tracer mon propre chemin dans le
labyrinthe du désir des hommes. »
© Photo, texte du billet, sauf les extraits, Denis
Morin, 2019
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