dimanche 5 janvier 2020

Juste la fin du monde de Jean-Luc Lagarce



La pièce Juste la fin du monde de Jean-Luc Lagarce publiée en 1999 à Besançon chez Les Solitaires Intempestifs a connu un parcours particulier. Au Québec, Anne Dorval, comédienne et professeure de théâtre, en a parlé vivement à son ami, le cinéaste Xavier Dolan qui en fit un film en 2016 récompensé au Festival de Cannes, édition 2016.

Louis, écrivain, se sachant condamné, décide de retourner voir sa famille une dernière fois. Triste cérémonie des adieux. La mère cherche à comprendre le silence de ce fils pendant de si longues années. Le frère ne décolère pas et s’emporte pour des riens. La belle-sœur reproche à lui son indifférence face à la vie de son frère. La sœur cadette rêve de vivre ailleurs et de s’évader de la maison familiale. Devant tant d’hostilité, Louis n’ose se confier et se referme comme une huître, emportant avec lui le secret de sa mort prochaine.

Je n’ai pas vu le film, mais les personnages sont tout en contrastes. La mère et Jérôme le frère frustré sont volubiles et extravertis, tandis que Louis, sa belle-sœur et Suzanne, la cadette, sont plus en retenue. Louis et Jérôme ont de longues tirades qui illustrent bien tout ce qui les oppose, les étiquettes assignées par la famille, les frustrations contenues, la jalousie et la rage de l’un face au silence et au détachement de l’autre. Certaines familles se forment par le sang, d’autres par affinités et par choix.

À lire.

Extrait :
« Je traverse à nouveau le paysage en sens inverse. Chaque lieu, même le plus laid ou le plus idiot, je veux noter que je le vois pour la dernière fois, je prétends le retenir. Je reviens et j’attends. Je me tiendrai tranquille, maintenant, je promets, je ne ferai pas d’histoires, digne et silencieux, ces mots qu’on emploi. Je perds, j’ai perdu. Je range. Je mets de l’ordre. Je viens ici rendre visite, je laisse les choses en l’état. J’essaie de terminer, de tirer des conclusions, d’être paisible. Je ne gesticule plus et j’émets des sentences symboliques pleines de sous-entendus gratifiants. Je me complais. Rien ne me flatte autant, désormais, que ma propre angoisse. Il m’arrivait aussi parfois, les derniers temps, de me sourire à moi-même comme pour une photographie à venir. »

© Photo, texte du billet, sans l’extrait du dramaturge, Denis Morin, 2020

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