dimanche 8 décembre 2019

Débâcles de Marie-Pier Poulin




On fait de petites découvertes qui brillent tels des dessins de givre et une neige nouvelle. En voici une signée Marie-Pier Poulin pour son premier roman Débâcles publié en 2019 chez Les Éditions Sémaphore.

Fait à noter que l’auteure a grandi chez les Inuit puis dans les villages à proximité des barrages hydroélectriques de la Baie James. Elle vit maintenant à Montréal.

Il était une fois le jeune agriculteur Arthur Benoît qui devint un père jésuite missionnaire dans le Nord québécois. Le religieux croise un Inuit beau, brave et fier. Celui-ci deviendra son guide et son ami. Puis le guide devient le père d’un garçon, Piari. Les jours et les nuits filent. Les igloos sont remplacés de plus en plus par des maisons de bois. Une tragédie survient : la mort des parents de Piari. Le jésuite pense bien faire en déracinant l’enfant endeuillé et en l’adoptant. Déménagement à Montréal. On vit au monastère, puis en appartement. Piari sera appelé Pierre. Il étudiera, se fera sourd aux remarques racistes, fera la connaissance d’un médecin juif qui l’encouragera à devenir médecin, tombera en amour avec une étudiante blanche. Il sera médecin, puis retournera dans son village pour y puiser ses racines et se joindre à la dissidence de certains milieux autochtones. Il redeviendra Piari.

Bref, Débâcles, ce très beau roman m’a ramené aux romans d’Yves Thériault dont Agaguk. On attend vivement le prochain opus.

Extraits :

« Lorsqu’ils rejoignirent les aînés, Saali lui présente tout le monde. À part Yugini et Nukaya, la sage-femme, Pierre ne replace personne. Pourtant, la même bienveillance se dessine sur ces visages burinés par les années. Certains s’approchent même pour le toucher. »

« Tous ces grands espaces servent à nourrir des communautés entières. Pour nous, chaque coin, chaque rivière, chaque montagne évoque un souvenir, une balise, un indice d’un danger à venir. Des ancêtres y sont enterrés un peu partout. S’ils harnachent les cours d’eau, s’ils inondent des kilomètres de nos terres, qu’adviendra-t-il de nos repères, de notre mémoire, de notre connaissance du territoire ? »

© Photo, texte du billet sauf les extraits de la romancière,
    Denis Morin, 2019



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