On fait de petites découvertes qui brillent tels des dessins de givre et
une neige nouvelle. En voici une signée Marie-Pier Poulin pour son premier
roman Débâcles publié en 2019 chez Les Éditions Sémaphore.
Fait à noter que l’auteure a grandi chez les Inuit puis dans les
villages à proximité des barrages hydroélectriques de la Baie James. Elle vit maintenant à Montréal.
Il était une fois le jeune agriculteur Arthur Benoît qui devint un père
jésuite missionnaire dans le Nord québécois. Le religieux croise un Inuit beau,
brave et fier. Celui-ci deviendra son guide et son ami. Puis le guide devient
le père d’un garçon, Piari. Les jours et les nuits filent. Les igloos sont
remplacés de plus en plus par des maisons de bois. Une tragédie survient :
la mort des parents de Piari. Le jésuite pense bien faire en déracinant l’enfant
endeuillé et en l’adoptant. Déménagement à Montréal. On vit au monastère, puis
en appartement. Piari sera appelé Pierre. Il étudiera, se fera sourd aux
remarques racistes, fera la connaissance d’un médecin juif qui l’encouragera à
devenir médecin, tombera en amour avec une étudiante blanche. Il sera médecin,
puis retournera dans son village pour y puiser ses racines et se joindre à la
dissidence de certains milieux autochtones. Il redeviendra Piari.
Bref, Débâcles, ce très beau roman m’a ramené aux romans d’Yves
Thériault dont Agaguk. On attend vivement le prochain opus.
Extraits :
« Lorsqu’ils rejoignirent les aînés, Saali
lui présente tout le monde. À part Yugini et Nukaya, la sage-femme, Pierre ne
replace personne. Pourtant, la même bienveillance se dessine sur ces visages
burinés par les années. Certains s’approchent même pour le toucher. »
« Tous ces grands espaces servent à nourrir
des communautés entières. Pour nous, chaque coin, chaque rivière, chaque
montagne évoque un souvenir, une balise, un indice d’un danger à venir. Des
ancêtres y sont enterrés un peu partout. S’ils harnachent les cours d’eau, s’ils
inondent des kilomètres de nos terres, qu’adviendra-t-il de nos repères, de notre
mémoire, de notre connaissance du territoire ? »
© Photo, texte du billet sauf les extraits de
la romancière,
Denis Morin, 2019
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