Ann Cathrine
Bomann, psychologue et championne de tennis de table, vit à Copenhague au Danemark.
Son premier roman Agathe tient du phénomène. Elle est maintenant
traduite en une vingtaine de langues dont une très belle version française parue
en 2019 aux Éditions La Peuplade.
Ouvrons
maintenant la couverture… Entrons et voyons assis un psychanalyste
septuagénaire qui anticipe déjà la retraite après cinquante ans de pratique. Il
ne reste que huit cents entretiens avec ses clients qu’il compte comme un
enfant marque les jours à son calendrier avant les vacances estivales. Tout va
comme prévu jusqu’au jour où sa secrétaire, l’impassible madame Surrugue lui
impose à l’agenda une nouvelle patiente qui insiste pour se faire suivre par
lui. Il n’apprécie ni l’initiative de sa secrétaire ni la témérité de cette inconnue.
Blasé et
exaspéré par sa clientèle habituelle, le psychanalyste est mis en présence d’une
femme dépressive qui se mutile, qui voit la vie en gris. Peu à peu, elle l’amènera
à réfléchir sur sa qualité d’écoute et sur lui-même, puis au fur et à mesure,
il aidera cette femme à marcher vers la lumière.
Ce roman
est finement écrit avec des chapitres brefs. Le vieil homme joue le rôle du spectateur,
du témoin et du narrateur. Je vous encourage fortement à lire ce petit bijou !
Merci aussi à La Peuplade de nous donner accès à la littérature scandinave.
Extrait :
« — Ce n’est
pas vrai qu’il est trop tard, Agathe. Je crois que la vie consiste en une
longue série de choix que nous sommes obligés de faire. Et ce n’est que lorsque
nous refusons de prendre sur nous cette responsabilité que tout devient indifférent.
« J’avais prononcé des variantes de ces lignes des
centaines, peut-être même des milliers de fois, mais comme je n’avais pas d’expérience
positive réelle avec laquelle remplir ces mots, cela restait de pures
abstractions. (…) Elle était allongée là avec ses poignets marqués de
cicatrices, transparente et fragile comme du verre, et même si je me sentais
hypocrite, l’intention était bonne. »
© Photo, billet,
sauf
l’extrait du roman,
Denis Morin, 2019
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