mercredi 16 octobre 2019

Agathe de Anne Cathrine Bomann




Ann Cathrine Bomann, psychologue et championne de tennis de table, vit à Copenhague au Danemark. Son premier roman Agathe tient du phénomène. Elle est maintenant traduite en une vingtaine de langues dont une très belle version française parue en 2019 aux Éditions La Peuplade.

Ouvrons maintenant la couverture… Entrons et voyons assis un psychanalyste septuagénaire qui anticipe déjà la retraite après cinquante ans de pratique. Il ne reste que huit cents entretiens avec ses clients qu’il compte comme un enfant marque les jours à son calendrier avant les vacances estivales. Tout va comme prévu jusqu’au jour où sa secrétaire, l’impassible madame Surrugue lui impose à l’agenda une nouvelle patiente qui insiste pour se faire suivre par lui. Il n’apprécie ni l’initiative de sa secrétaire ni la témérité de cette inconnue.

Blasé et exaspéré par sa clientèle habituelle, le psychanalyste est mis en présence d’une femme dépressive qui se mutile, qui voit la vie en gris. Peu à peu, elle l’amènera à réfléchir sur sa qualité d’écoute et sur lui-même, puis au fur et à mesure, il aidera cette femme à marcher vers la lumière.

Ce roman est finement écrit avec des chapitres brefs. Le vieil homme joue le rôle du spectateur, du témoin et du narrateur. Je vous encourage fortement à lire ce petit bijou ! Merci aussi à La Peuplade de nous donner accès à la littérature scandinave.

Extrait :
« Ce n’est pas vrai qu’il est trop tard, Agathe. Je crois que la vie consiste en une longue série de choix que nous sommes obligés de faire. Et ce n’est que lorsque nous refusons de prendre sur nous cette responsabilité que tout devient indifférent.
« J’avais prononcé des variantes de ces lignes des centaines, peut-être même des milliers de fois, mais comme je n’avais pas d’expérience positive réelle avec laquelle remplir ces mots, cela restait de pures abstractions. (…) Elle était allongée là avec ses poignets marqués de cicatrices, transparente et fragile comme du verre, et même si je me sentais hypocrite, l’intention était bonne. »

© Photo, billet,
    sauf l’extrait du roman,
    Denis Morin, 2019

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