mercredi 11 septembre 2019

Merveille au Mans



Martine Roffinella nous a habitués à une littérature où les amours et le désir étaient au féminin et au pluriel. Mais cette fois-ci, coup d’audace, elle nous revient pour la rentrée littéraire 2019 avec un polar intitulé Merveille au Mans publié chez Les Lettres Mouchetées. La mystérieuse photo de couverture est aussi de son cru.

Merveille manie aussi bien la plume, le clavier d’ordinateur que l’Opinel. Elle vit pratiquement cloîtrée, mais se déplace entre Paris et le Mans. La médiocrité l’enrage et le manque de reconnaissance publique l’exaspère tout autant. Elle avait commencé à se pratiquer sur des chats et des chiens, puis elle en eut marre et passa aux choses sérieuses. Elle attire ses victimes comme une araignée sait tendre la toile avant de frapper au cou. Les victimes se vident de leur fluide pourpre au goût métallique, puis elles les cuisinent avec des herbes de Provence et des oignons. Il semblerait qu’au Mans les rillettes sont fameuses. Merveille fait bien les choses. Pas de demi-mesure avec elle.

Monsieur Viande, ancien employé d’abattoir, convertit en fin limier, cherche à comprendre pendant une dizaine de jours les motivations de l’assassin. Il assiste l’inspecteur Lampe qui ne voit rien et ne comprend rien. Merveille laisse des indices écrits, visuels, olfactifs que Monsieur Viande décode très bien. L’humour est aussi au rendez-vous, puisque les victimes sont : Gérard Cou, Gaël Jambe, Sylvain Poitrine, Marc Pied, Christophe Tendon, Grégoire Joue.

À présent, je me fais discret sur les motivations profondes de Merveille. Donc, un roman déconcertant et divertissant que je vous recommande chaleureusement. Du grand art !

Extrait :
« Viande se détourne, puis se ressaisit. L’épaisseur du cerveau qui a conçu cette machination l’épouvante et le séduit à la fois. Il marche au cœur d’une forêt dense, composé d’organes dérobés, de sang tiré comme du vin, de peaux rôties et de torse regardant la mer. Car ce torse décapité regarde la mer, il en est certain. Comme s’il avait toujours rêvé de partir loin, sans prendre un billet de train ou d’avion. »

© Photo (pas un Opinel), texte du billet,
    sauf l’extrait de Martine Roffinella,
    Denis Morin, 2019

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