Martine Roffinella nous a habitués à une littérature où les amours et le
désir étaient au féminin et au pluriel. Mais cette fois-ci, coup d’audace, elle
nous revient pour la rentrée littéraire 2019 avec un polar intitulé Merveille
au Mans publié chez Les Lettres Mouchetées. La mystérieuse photo de
couverture est aussi de son cru.
Merveille manie aussi bien la plume, le clavier d’ordinateur que l’Opinel. Elle
vit pratiquement cloîtrée, mais se déplace entre Paris et le Mans. La
médiocrité l’enrage et le manque de reconnaissance publique l’exaspère tout
autant. Elle avait commencé à se pratiquer sur des chats et des chiens, puis
elle en eut marre et passa aux choses sérieuses. Elle attire ses victimes comme
une araignée sait tendre la toile avant de frapper au cou. Les victimes se
vident de leur fluide pourpre au goût métallique, puis elles les cuisinent avec
des herbes de Provence et des oignons. Il semblerait qu’au Mans les rillettes sont
fameuses. Merveille fait bien les choses. Pas de demi-mesure avec elle.
Monsieur Viande, ancien employé d’abattoir, convertit en fin limier,
cherche à comprendre pendant une dizaine de jours les motivations de l’assassin.
Il assiste l’inspecteur Lampe qui ne voit rien et ne comprend rien. Merveille
laisse des indices écrits, visuels, olfactifs que Monsieur Viande décode très
bien. L’humour est aussi au rendez-vous, puisque les
victimes sont : Gérard Cou, Gaël Jambe, Sylvain Poitrine, Marc Pied,
Christophe Tendon, Grégoire Joue.
À présent, je me fais discret sur les motivations profondes de Merveille. Donc,
un roman déconcertant et divertissant que je vous recommande chaleureusement. Du
grand art !
Extrait :
« Viande se détourne, puis se ressaisit. L’épaisseur
du cerveau qui a conçu cette machination l’épouvante et le séduit à la fois. Il
marche au cœur d’une forêt dense, composé d’organes dérobés, de sang tiré comme
du vin, de peaux rôties et de torse regardant la mer. Car ce torse décapité
regarde la mer, il en est certain. Comme s’il avait toujours rêvé de partir
loin, sans prendre un billet de train ou d’avion. »
© Photo (pas un Opinel), texte du billet,
sauf l’extrait de Martine Roffinella,
Denis Morin, 2019
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