dimanche 21 juillet 2019

J'ai décidé d'arrêter d'écrire de Pierre Patrolin



Dans mes choix de lecture, je tombe parfois sur des bouquins qui me déstabilisent… Choix téméraire. Les titres m’appellent et me provoquent. Ma curiosité me fait succomber. C’est le cas de J’ai décidé d’arrêter d’écrire de Pierre Patrolin paru en 2018 chez P.O.L.

Voici un singulier roman où l’on croise un écrivain qui en a marre d’écrire, qui veut cesser de griffonner sur tous les bouts de papier qui lui tombent sous la main, qui n’enregistre pas à l’ordinateur un début de chapitre, mais qui est hanté par une histoire et des personnages. Son éditeur lui réclame un nouveau roman. Il tente de faire diversion par la lecture.  Donc, Patrolin nous donne des commentaires sur l’acte d’écrire, nous livre la genèse d’un roman et résume les livres qu’il consomme, pendant que son épouse lui quémande affection et attention.

Tout auteur y reconnaîtra sa propre compulsion à écrire et ce besoin vital de créer. Je ne fais pas exception. Lecture recommandée pour les artistes.

Extraits :

« Quant à moi, je ne suis pas sûr de ne pas oublier quelque chose. Ce n’est pas facile d’écrire le moins possible. Des mots courts en quête de concision. Une syntaxe réduite à son essence. Des points, sans relâche, pour éviter tout relâchement. Des virgules nécessaires. Un verbe quand il le faut, accompagné d’une circonstance : quand une phrase se termine, je pose mon crayon. »

« À force de ne rien vouloir écrire, j’ai l’impression de laisser passer quelque chose. Ou de le laisser s’effacer. »

« Depuis que je n’écris plus, j’ai tout de même accumulé beaucoup de notes.  Des fragments sans suite. Des mots épars, des phrases jamais terminées. Des germes. Sans terre. Des messages électroniques, des morceaux de papier glissés entre les pages des livres des autres. »

« J’ai fini par vouloir dicter les phrases au téléphone. Il ne comprend rien. Il écrit à chaque ligne quand je dis Jacqueline.  L’appareil entend un peu quand je prononce un pneu. Il me désespère. À l’image d’un lecteur indocile. »

© Photo, billet, sauf les extraits de P. Patrolin,
    Denis Morin, 2019

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