vendredi 26 juillet 2019

Chants de tout et de rien, Chants de rien du tout, Yves Navarre


Dans les archives, on conserve généralement des documents écrits et iconographiques sur l’histoire, l’administration, mais il arrive parfois que l’on découvre des perles oubliées. Ainsi, un recueil de poèmes inédits de l’écrivain français Yves Navarre fut retrouvé dans un fonds d’archives américain. Je vous rappelle qu’Yves Navarre se mérita le prix Goncourt en 1980 pour son roman Le Jardin d’acclimatation. L’association Les Amis d’Yves Navarre a parrainé la publication de ce très bel ouvrage paru en 2017 chez H&O éditions. Les calligraphies sont de Hugo Laruelle.

Le recueil s’intitule Chants de tout et de rien, Chants de rien du tout.  Navarre portait en son doux visage une mélancolie que je qualifierais de proustienne.  En revanche, à l’opposé de Marcel Proust, Navarre écrivait avec une économie de mots. Il possédait un style minimaliste. Les sentiments se tiennent toujours là dans ses textes, entre les lignes, en marge de la confidence. L’enfance lui fut amère. L’homme aime au point d’en être blessé. Il est celui qu’on laisse, qu’on oublie après la kermesse et l’ivresse des corps, celui qui attend le grand amour, celui qui, trop sensible, constate que la vie est une pomme dure et acidulée. 

J’ai toujours aimé Navarre et Duras (d’ailleurs, tous deux habitaient la rue Saint-Benoît, à Paris) pour le dénuement de leurs phrases et la force des sentiments.

Navarre, je l’aime depuis les années 1980. Ça ne s’explique pas. Je n’y peux rien. État de fait.

Extraits :

« Chante-moi la chanson indifférente
J’ai oublié la musique
ni gaie ni nostalgique
quelque chose entre les deux
d’amoureux. »

« Je partirai
sans un adieu
le cœur nu
et sans regret
chaque nuit ouvre déjà
la voie
la mort derrière
la vie devant… »

« Les petits malheurs
c’est bon pour les douaniers
il faut surtout les déclarer
et comme c’est trop cher à payer
leur laisser. »

© Photo, texte du billet,
    sauf les extraits de Navarre,
    Denis Morin, 2019


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