jeudi 14 mars 2019

Les hommes sont des chevreuils qui ne s'appartiennent pas de Mireille Gagné


Ce deuxième recueil de Mireille Gagné fut publié en 2015 aux éditions l’Hexagone.


Mes impressions... Le recueil est construit sur la forme du diptyque avec d’une part la proie et d’autre part le prédateur. Entre les deux, il y a une trace de sang : celui que l’on verse, celui que l’on fait verser. L’intention de la bête de vivre, de survivre, tandis que chez l’humain on va en eaux troubles, selon les enjeux éthiques, politiques, économiques, idéologiques. Ces enjeux interfèrent dans la décision de laisser vivre ou d’abattre la bête. Ces mêmes enjeux sous-tendent les rapports humains.

L’oiseau chute, la victime tombe dans la fosse. On se demande finalement ce qui distingue l’humain de la bête et ce, depuis la nuit des temps.

À Lascaux, on peignait et dessinait des animaux. On imprimait ses mains, gestes incantatoires pour obtenir une meilleure chasse.

S’ensuit la domestication du chat, du loup devenu le chien, du furet, des bovidés, des ovins, de la volaille. On change maintenant de décor. On passe des forêts et des plaines aux fermes-industries. La bête sacrifiée vous arrive dans un emballage en pellicule et styromousse.  Les normes d’hygiène et les rites s’ajoutent dans le processus.

Or, la poète ne condamne ni ne juge, elle capte comme une caméra et nous redonne les faits de sa fine observation.

Je défie les professeurs de philosophie et d’anthropologie du niveau collégial d’étudier ce recueil en classe avec leurs étudiants.

Si au-delà de toute vie si éphémère soit-elle, on nous incitait à la célébrer parce que la mort finit par nous rattraper tôt ou tard. Une balle perdue, le fil d’une lame ou une morsure fatale. Tout est possible.

Mireille Gagné possède une plume toute aussi percutante que pertinente.

Extraits :

« Après chaque massacre
Je nettoie les traces de sang
Il ne faudrait pas que l’on croie que c’est moi
La bête »

« Si la mort est trop lente
Donnez-moi le corps d’une hirondelle
Pour m’écraser contre votre fenêtre »

« Je connais la hauteur
Le contact rugueux de ma joue
Sur l’asphalte
Le ciel recrache
Ses cartouches vides »

« Tout commence
C’est ici que je me lève
Pour exister »

©  Photo, texte de ce billet, Denis Morin
     sauf les extraits de la poète, 2019


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