À quand
remonte vos plus lointains souvenirs d’écriture ?
J’ai commencé à écrire assez tôt des scénarios que je
réalisais dans la banlieue parisienne de Pantin où je vivais, avec les gamins
du quartier ; nous réalisions des courts métrages d’action d’aventure, de
science-fiction, des polars, puis après, vers l’âge de 13 ans, je me suis
inscrit au Cours Florent. J’y ai appris le métier de comédien puis la mise en
scène et j’ai écrit des pièces de théâtre aussi. Le roman, c’est arrivé bien
plus tard. Aujourd’hui, je me consacre à l’écriture.
Qu’est-ce qui
vous fascine dans l’acte d’écrire ?
Je dirai que c’est davantage une compulsion
nécessaire. Un moyen d’expression après observation, une envie de transmettre
quelque chose de mon vécu, d’une expérience, d’une analyse. Je zieute tout,
attentif au moindre détail, parle sans arrêt à l’inconnu, d’abord parce que c’est
ma nature, que j’aime l’autre, puis parce que c’est ma matière principale pour
écrire. C’est assez jouissif, je dois dire.
Dans vos
romans Je suis un tueur humaniste et Sois toi-même les autres sont déjà pris,
on sent de l’agacement et de la tendresse envers l’humain. Comment vous situez-vous
par rapport à la condition humaine ?
Je l’observe en toute humilité, j’essaye de comprendre des choses. La
colère nous maintient éveillés, la tendresse envers les autres, je tiens ça de
mes parents qui m’ont transmis cette merveilleuse phrase de Emmanuel Levinas qui
résume bien des choses : «
‘’Après vous’’ : cette formule de politesse devrait être la plus belle définition de notre civilisation. »
Vos livres
feraient de très bons films. Songez-vous à les adapter pour le cinéma, vous qui
connaissez bien ce milieu ?
Il y a quelques pistes à ce sujet en effet, on y
travaille. Les adaptations au cinéma “après roman” sont souvent longues à se
réaliser, mais j’espère que ça va venir.
Avez-vous un rituel d’écrire ? Vous faut-il absolument un modus operandi ?
Pas vraiment. Je peux écrire n’importe où. Sur la
terrasse d’un café, dans un train, un avion, sur mon canapé, parfois même, si l’idée
d’une phrase, d’un dialogue me vient, je stoppe ma voiture sur le bas-côté, mets
mes warnings puis prends des notes.
Ressentez-vous
ou vivez-vous des instants de grâce lorsque vous écrivez ?
Il m’arrive de me sentir bien, détendu, de rire parfois
aussi tout seul, comme un idiot ! C’est un plaisir, plus qu’un moment de grâce
car je retravaille beaucoup, je ne suis jamais satisfait de mes premiers jets
qui sont assez compulsifs.
Quels sont vos
auteurs préférés ?
J’aime beaucoup les littératures étrangères, américaine,
japonaise, italienne, russe, anglaise, les grands classiques français aussi. Je vais citer : Albert Cohen,
Romain Gary, Edgar Hilsenrath, Iceberg Slim, John Fante, Charles Bukowski, Edouardo
Mendoza, Lao She, Alberto Moravia… J’en oublie évidemment, et il faut absolument
me pardonner !
Y a-t-il des
projets en vue ?
Oui, de prochains romans qui vont arriver, plein de
belles choses. J’espère pouvoir venir rencontrer mon public au Québec !
©
Photo, David Zaoui
©
Entretien, Denis Morin, David Zaoui, 2019
Aucun commentaire:
Publier un commentaire