samedi 16 février 2019

Entretien avec David Zaoui



À quand remonte vos plus lointains souvenirs d’écriture ?
J’ai commencé à écrire assez tôt des scénarios que je réalisais dans la banlieue parisienne de Pantin où je vivais, avec les gamins du quartier ; nous réalisions des courts métrages d’action d’aventure, de science-fiction, des polars, puis après, vers l’âge de 13 ans, je me suis inscrit au Cours Florent. J’y ai appris le métier de comédien puis la mise en scène et j’ai écrit des pièces de théâtre aussi. Le roman, c’est arrivé bien plus tard. Aujourd’hui, je me consacre à l’écriture.

Qu’est-ce qui vous fascine dans l’acte d’écrire ?
Je dirai que c’est davantage une compulsion nécessaire. Un moyen d’expression après observation, une envie de transmettre quelque chose de mon vécu, d’une expérience, d’une analyse. Je zieute tout, attentif au moindre détail, parle sans arrêt à l’inconnu, d’abord parce que c’est ma nature, que j’aime l’autre, puis parce que c’est ma matière principale pour écrire. C’est assez jouissif, je dois dire.

Dans vos romans Je suis un tueur humaniste et Sois toi-même les autres sont déjà pris, on sent de l’agacement et de la tendresse envers l’humain. Comment vous situez-vous par rapport à la condition humaine ?
Je l’observe en toute humilité, j’essaye de comprendre des choses. La colère nous maintient éveillés, la tendresse envers les autres, je tiens ça de mes parents qui m’ont transmis cette merveilleuse phrase de Emmanuel Levinas qui résume bien des choses : « ‘’Après vous’’ : cette formule de politesse devrait être la plus belle définition de notre civilisation. »

Vos livres feraient de très bons films. Songez-vous à les adapter pour le cinéma, vous qui connaissez bien ce milieu ?
Il y a quelques pistes à ce sujet en effet, on y travaille. Les adaptations au cinéma “après roman” sont souvent longues à se réaliser, mais j’espère que ça va venir.

Avez-vous un rituel d’écrire ?  Vous faut-il absolument un modus operandi ?
Pas vraiment. Je peux écrire n’importe où. Sur la terrasse d’un café, dans un train, un avion, sur mon canapé, parfois même, si l’idée d’une phrase, d’un dialogue me vient, je stoppe ma voiture sur le bas-côté, mets mes warnings puis prends des notes.

Ressentez-vous ou vivez-vous des instants de grâce lorsque vous écrivez ?
Il m’arrive de me sentir bien, détendu, de rire parfois aussi tout seul, comme un idiot ! C’est un plaisir, plus qu’un moment de grâce car je retravaille beaucoup, je ne suis jamais satisfait de mes premiers jets qui sont assez compulsifs.

Quels sont vos auteurs préférés ?
J’aime beaucoup les littératures étrangères, américaine, japonaise, italienne, russe, anglaise, les grands classiques français aussi. Je vais citer : Albert Cohen, Romain Gary, Edgar Hilsenrath, Iceberg Slim, John Fante, Charles Bukowski, Edouardo Mendoza, Lao She, Alberto Moravia… J’en oublie évidemment, et il faut absolument me pardonner !

Y a-t-il des projets en vue ?
Oui, de prochains romans qui vont arriver, plein de belles choses. J’espère pouvoir venir rencontrer mon public au Québec !



© Photo, David Zaoui
© Entretien, Denis Morin, David Zaoui, 2019

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