mardi 11 décembre 2018

Neige de Maxence Fermine



En littérature, je m'intéresse pas uniquement aux dernières parutions, même si c'est bien excitant d'avoir l'illusion d'être l'un des premiers à ouvrir un livre.  Les parutions antérieures méritent aussi qu'on s'intéresse.  Un livre bien ficelé, ça demeure une oeuvre intéressante à lire et ce, peu importe l'époque à laquelle on la vit. 

Dans ce cas-ci, le nom de Maxence Fermine était passé à maintes reprises devant mon iris via la lecture d'articles divers, surtout du côté européen. On compare son écriture à celle du romancier italien Alessandro Baricco. Je peux affirmer que c'est le cas.  Ainsi, le roman Neige paru en 1999 aux Éditions Arléa est le cousin de Soie d'Alessandro Baricco au niveau de la petite musique poétique contenue dans le texte.

Yuko, un jeune Japonais du 19e siècle  se voit destiné par son père à deux professions honorables : samouraï ou prêtre shinto.  Yuko décide de suivre les élans de son cœur.  Il veut devenir poète spécialisé dans les haïkus. Il quitte les hivers de l'île d'Hokkaido pour descendre vers l'île d'Honshu, avant de retourner vivre chez son père résigné dans le choix de son fils jusqu'au jour où Yuko attire l'attention d'un poète de la cour impériale fasciné par ce jeune homme qui ne décrit que la neige en poésie.  Yuko est envoyé étudier auprès de Soseki, un maître aveugle qui lui n'écrit qu'en décrivant les fleurs colorées du jardin.  Ce dernier a perdu la façon de décrire le blanc dans sa propre poésie.  Cette rencontre sera providentielle, puisque les deux hommes sont obsédés par une femme nommée Neige.  Je ne peux en dévoiler davantage au risque de livrer les secrets de ce petit bijou de livre.

Je conclus ce billet par cette belle métaphore de Soseki sur la poésie, sans aucun doute la définition la plus juste de l'écriture poétique, voire de l'écriture : « En vérité, le poète, le vrai poète, possède l'art du funambule. Écrire, c'est avancer mot à mot sur un fil de beauté, le fil d'un poème, d'une oeuvre, d'une histoire couchée sur un papier de soie.  Écrire, c'est avancer pas à pas, page après page, sur le chemin du livre. Le plus difficile, ce n'est pas de s'élever du sol et de tenir en équilibre, aidé du balancier de la plume, sur le fil du langage. Ce n'est pas non plus d'aller tout droit, en une ligne continue parfois entrecoupée de vertiges aussi furtifs que la chute d'une virgule, ou que l'obstacle d'un point. Non, le plus difficile, pour le poète, c'est de rester continuellement sur ce fil qu'est l'écriture, de vivre chaque heure de sa vie à hauteur du rêve, de ne jamais redescendre, ne serait-ce qu'un instant, de la corde de son imaginaire. En vérité, le plus difficile, c'est de devenir un funambule du verbe. »

© Photo, billet,
    sauf l'extrait de Fermine, 
    Denis Morin, 2018

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