samedi 29 septembre 2018

Le plâtrier siffleur de Christian Bobin


Christian Bobin est un écrivain caméléon que j'adore.  Il est caméléon en ce sens que sa palette d'écriture va de la philosophie à la poésie en passant par la biographie.

Il y a une vingtaine d'années, je lisais la très touchante vie du Poverello d'Assise, Le très-bas, écrite par Bobin.

Cette fois-ci, je vous présente un livret intitulé Le plâtrier siffleur publié en 2018 aux Éditions Poesis.

Dans ce recueil, l'écrivain se questionne sur l'humain déshumanisé par l'avoir et la technologie.  Il s'émeut de l'herbe qui ondoie sous le vent, de la poésie qui n'appartient pas juste aux artistes, mais aussi et surtout à une mère qui borde son enfant la nuit tombée ou au plâtrier siffleur en train de gagner son pain.  Bref, il associe contemplation et poésie. Il donne l'exemple d'Emily Dickinson qui, de sa chambre, écrivait et saisissait le monde par ses mots.

Christian Bobin le fait aussi avec brio.  À lire pour la tendresse et la douceur du regard sur la vie.

Je vous laisse sur quelques extraits :

« Habiter poétique le monde ou habiter humainement le monde, c'est la même chose. »

« Le monde est rempli de visions qui attendent des yeux.  Les présences sont là, mais ce qui manque ce sont nos yeux.  Qui la voit cette petite fougère prise dans une branche épineuse ? Le vent la connaît, le vent lui parle. »

« Pendant le Seconde Guerre mondiale, il y a un homme qui ne se soucie pas explicitement de la guerre, c'est Matisse. Il entre dans une période de grande simplicité de la peinture et des couleurs, il rejoint la source enfantine de la peinture. Je crois que cet homme-là, par son travail, parce qu'un des effets de la peinture est de nous prendre le coeur et de le laver, a résisté contre le monde enténébré aussi bien que ceux qui prenaient les armes. »


© photo, billet, Denis Morin, 2018

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