dimanche 25 mars 2018

Libera me de Danielle Dussault



En couverture de Libera me, des fleurs mystérieuses reposent derrière une vitre tel un être qui veille. Le titre lui fait appel aux âmes tourmentées, à la religion, au passé qui nous hante…  Mon intuition avait vu juste. 

L’histoire débute avec Franz Jirsa, un créateur de l’Université Concordia qui joue avec des algorithmes en vue de constituer une mémoire à des avatars dans les mondes virtuels. Tout semble lui réussir : bon boulot, vie amoureuse sans trop de contraintes, mais ce cocon rassurant se voit secouer lors de la réception de lettres anonymes glissées au bureau sous le seuil de sa porte.  Il cherche à comprendre et le lecteur tout autant…

Fait à noter que c’est le deuxième roman que je lis abordant le thème des mondes virtuels.  Yolande Villemaire l’a fait dans son excellent roman Le rose des temps publié chez Druide.

Danielle Dussault fait référence souvent au poète chanteur Leonard Cohen, figure emblématique de la culture mondiale et montréalaise.  On sent bien l’ambiance montréalaise avec le boulevard Saint-Laurent, le métro, les bruits du centre-ville, etc.

Revenons aux missives reçues par Franz Jirza qui le font remonter à Vilnius, en Lituanie…   En cours de lecture, j’ai pensé que ce devait une femme qu’il a aimé qui veut reprendre contact, puis à une autre histoire d’amour, car une femme pouvait bien en cacher une autre…  Je ne saurais en dire davantage, au risque de trop en dévoiler.

En cours de lecture de Libera me, j’ai songé à Duras dans Navire Night où deux amoureux se parlent au téléphone, sans jamais se rencontrer. J’ai pensé aussi au roman Les Fous de Bassan d’Anne Hébert.

Dans Libera me, on goûte aux regrets, à la nostalgie du pays des ancêtres, au désir et aux réminiscences du passé comme si tout pouvait se rejouer. Tout ce roman sans dialogues se compose d'une narration de type omniscient pour observer l’homme et d'une narration introspective superbement écrite du point d’une femme via des lettres, une écriture que l’on devine cursive et familière. L’écrivaine traite brillamment de l’absence, de la solitude, des liens qui se font et se défont, au fil du temps comme vont les eaux et les remous de la rivière Neris…

Les images et les émotions contenues dans cette histoire sont puissantes et fortes.  Cela ferait un très beau film.  Avis aux réalisateurs.

Somme toute, je recommande chaleureusement ce dernier roman de Danielle Dussault publié à Montréal en 2017 aux Éditions Michel Brûlé.


© texte et photo, Denis Morin, 2018

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