Daniel Ducharme est un archiviste et un nouvelliste qui eut un jour
l’inspiration de partir une maison d’édition, ELP. Aujourd’hui, il s’adresse à
nous à propos de ses motivations.
Bonjour Daniel, comment
l’écriture est-elle venue à vous ?
Je ne me considère pas comme un écrivain, du moins pas comme un
écrivain confirmé. En revanche, j’écris tous les jours et ce, depuis plusieurs
années. Résultat : plus de 300 textes sur des blogues depuis 2013. Ma
motivation ? J’ai du mal à la formuler, mais je constate que je suis plus
heureux quand j’écris que quand je n’écris pas…
Quelle place occupe les livres
dans votre vie ?
Très importante. Bien qu’issue d’une famille modeste, je lis depuis que
je sais lire. Avec les années, les occupations et, surtout, les technologies
qui représentent une source de distraction non négligeable, je lis moins
qu’avant, mais je maintiens le rythme de trois à quatre livres par mois. Je lis
presque exclusivement en numérique depuis 2011.
Comment amorcez-vous l’écriture
d’un livre ?
Je n’arrive pas à trouver le souffle pour terminer un roman, de sorte
que je me consacre surtout à l’écriture de textes courts, des nouvelles et des
récits pour la plupart. Je suis un friand des applications de prise de notes,
notamment de Standard Notes, un logiciel qui me permet d’écriture
partout : sur mon téléphone, sur mon ordinateur et, surtout, sur n’importe
lequel navigateur, ce qui est pratique quand je suis en déplacement. Sur cette
application, donc, je note mes idées et quand j’ai un moment, je les développe
pour en faire des microfictions. Mon recueil de nouvelles, publié en 2017 (La diversité de monde, ÉLP éditeur),
compte 34 nouvelles toutes écrites sur un téléphone…
Comment choisissez-vous les
livres que vous publiez ?
Ah ! Vous passez de l’auteur à l’éditeur…. Je suis un éditeur sérieux,
c’est-à-dire que nous travaillons fort pour livrer des libres de qualité, tant
les versions numériques (toutes validées par le consortium ePub Check) que papier, mais nous ne nous prenons pas
nécessairement au sérieux. Personnellement, je juge nos grandes réussites quand
je vois un de nos auteurs se faire publier dans une maison d’édition ayant
pignon sur rue (un d’entre eux se fait publier au Seuil, notamment) après son
passage chez nous. Je suis très fier que nous lui ayons donné sa première
chance. Quant au choix des ouvrages
publiés, il s’appuie surtout sur l’originalité, le style, les sujets abordés.
Tout repose sur le style, la fraîcheur du récit. Parfois, nous publions un
ouvrage en raison de son originalité…. même s’il exige un travail considérable
de relecture et de révision. Personnellement, je trouve les éditeurs québécois
arrogants : ils ne prennent que du déjà mâché… se vantant de recevoir des
centaines de manuscrits. Chez ÉLP éditeur, nous recevons aussi pas mal de
manuscrits. Malheureusement, nous ne pouvons pas tous les publiés parce que
nous sommes une équipe modeste. Mais si je pouvais…
Qu’est-ce qui caractérise la
maison ELP par rapport à d’autres maisons ?
ÉLP éditeur est d’abord et avant tout une maison d’édition numérique et
ce, depuis 2010. Sans doute une des premières maisons numériques au
Québec. Depuis quelques années, nous
publions une version papier sur la plateforme Kindle Direct Publishing (KDP)
d’Amazon, mais nous le faisons surtout pour accommoder les auteurs qui ont le
privilège d’en commander des exemplaires au prix de l’éditeur pour eux-mêmes.
En poésie, par exemple, c’est essentiel, car les auteurs vendent peu
d’exemplaires numériques. Ils ont donc besoin d’exemplaires papiers pour
participer aux nombreuses soirées de poésie de la région de Montréal. Donc,
nous ne sommes pas une maison d’édition québécoise distribuée en librairie.
D’ailleurs, nos auteurs sont surtout français, et notre plateforme de diffusion
est française aussi. Au Québec, en 2011, les associations d’éditeurs ne
souhaitaient pas l’émergence d’éditeurs 100% numériques. Nos ouvrages donc
vendus au Québec en passant par la France…
Quelles en sont les principales
collections ?
Nous avons une politique rédactionnelle assez claire et nos
publications sont structurées en cinq collections : romans, nouvelles,
poésie et essais. La cinquième collection – La
malle aux trésors – est consacrée à l’édition de textes libres de droit,
souvent des classiques oubliées de la littérature française. Nous n’avons pas
de collections de genre (science-fiction, policier, érotique, etc.), et il
s’agit d’un choix délibéré.
Quel est le lectorat de la maison
ELP ?
Je ne saurais vous dire. L’auteur qui vent le plus d’ouvrages (des
milliers jusqu’à maintenant) écrit des romans de type punk trash dont j’ai
moi-même de la difficulté à lire tellement ils me font peur ! Il s’agit
pourtant d’une jeune dame très gentille… Mais elle est unique en son genre.
Depuis quelques années, je me rends compte que nos essais trouvent plus de
lecteurs que nos ouvrages de fiction.
Quel genre de lecteur êtes-vous ?
Je lis en fonction du hasard à quelques exceptions près. Par exemple,
depuis quelques années, j’ai entrepris de lire La Comédie humaine de Balzac d’un couvert à l’autre. Je lis aussi
de la littérature populaire de façon régulière, notamment Alexandre Dumas dont
je suis un fan. Pour le reste, je lis en fonction des circonstances, comme sous
les recommandations d’un ami, d’un journaliste, etc.
Y a-t-il un livre que vous auriez
aimé avoir écrit ou publié ?
À la recherche du temps perdu…
de ce Proust qui a bercé le début de l’âge adulte et dont je ne me lasse
jamais.
Merci Daniel pour cet entretien
qui nous en a appris un peu plus sur vous et votre vision d’homme de lettres.
Tout le plaisir était pour moi.
ÉLP éditeur : https://www.elpediteur.com/
Daniel Ducharme – blogue : https://danielducharme.net/ ; journal
public : https://listed.to/@dducharme
© Photo, Daniel
Ducharme; entretien, Denis Morin, Daniel Ducharme, 2024