mercredi 15 octobre 2025

Le fleuve debout de Danielle Dussault



Les femmes de lettres ont souvent cette aptitude généreuse de témoigner leur admiration pour d’autres femmes artistes. Danielle Dussault ne fait pas exception à la règle.

Dans Le fleuve debout paru chez L’instant même, elle expérimente durant une résidence d’écriture le silence et le rythme des eaux dans le chalet d’été situé à Petite-Rivière-Saint-François qu’occupa Gabrielle Roy (1909-1983) à partir de 1958.

À l’intérieur de cette maison de campagne, Danielle Dussault fait une chambre à soi. Tout remue en elle sa québécitude face à l’immensité de l’horizon, des commentaires de sa fille, ses amours mortes.

Elle s’enveloppe d’un châle de quiétude le soir en s’assoyant dans la chaise berçante de sa devancière après avoir contemplé, puis marché le long du fleuve où se perdit souvent le regard des peintres et des écrivain.e.s. Combien faut-il de galets retournés sous sa semelle pour tracer un sentier sans se retourner ? Jusqu’à quand doit-on quitter la compagnie des gens pour plonger dans un cahier qui ne demande qu’à être couvert de hampes, de jambages et de sens ?

Puis, le jour file et la pénombre recouvre la maison. On entend siffler le vent aux fenêtres ou la bouilloire qui appelle l’heure du thé aux baies des champs si parfumé. Dans ce récit intimiste, elle constate la vie qui lui file entre les doigts et dont elle dépose quelques fragments ça et là de sa pensée limpide. Elle laisse le superflu aux autres. Elle va à l’essence des faits et des choses.

Il existe des musiques et des images intérieures qui sont de la littérature et les livres de Danielle Dussault en font partie. À lire pour l’écriture tendre de Danielle Dussault et l’envie de relire Gabrielle Roy.

Extrait :

« Je couds lentement une robe faite de mots, le fil pour les assembler se déploie dans une vieille lenteur, un rythme qui n’appartient qu’au matin, j’écris depuis si longtemps déjà : une voie, un cri dans la nuit, une parole. »


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