Tom Noti nous réserve des surprises. Sous ce visage doux se cache la tourmente de l’écrivain qui vibre comme les cordes d’un violoncelle et qui nous livre aux Éditions La Trace le roman Témoin de rien.
Imaginez deux sœurs et leur père, un despote, qui leur donne un terrain, à condition qu’elles y établissent maison. D’une part, il y a Jeanne et Simon et d’autre part, il y a Gaétane et Pierre. Entre elles, une haie de cèdres trouée en son centre par où on circule et où le vieux chien entend tout, les mots d’amour, les humeurs variables, les cris, les gifles, le pleur du petit qui grandit ou la prière dite pour l’enfant dont on est en deuil. La descendance se soumet et se rebelle face aux événements avec cette impression de ne jamais arriver à la cheville des disparus.
Parvient-on à bout de la perte des êtres chers ou d’une infidélité ? Faut-il absolument subir le joug d’êtres tyranniques ? Peut-on être heureux, quand sa sœur voisine est en plein désarroi ? On peut subir les coups, se défendre ou bien être témoin de rien, témoin de tout.
Lors de la lecture, j’ai pensé à ces familles méditerranéennes très proches qui se côtoient au quotidien, s’entraident, s’aiment beaucoup et parfois se déchirent.
Un nouvel opus de ce romancier qui maîtrise très bien l’art de l’introspection et de la psychologie minutieuse des personnages. Un écrivain à lire et à suivre évidemment.
Extrait :
« Il y a eu la
naissance d’Hector. La légère tension quand au prénom. Il semblait à Jeanne qu’Hector
était l’un des prénoms de la liste de sa sœur. Mais elle n’était plus sûre.
Rien n’avait jamais vraiment été affirmé, rien de gravé dans le marbre. Simon
voulait un Hector si par chance ils avaient un garçon, mais sans doute par superstition,
il n’avait pas annoncé le prénom, celui de son père. (…) Le silence ouaté a donc
entouré la naissance d’Hector et le choix de son prénom. Ce silence paisible
qui précède souvent les immenses tristesses. »
© Photo, texte, sauf l’extrait
de Tom Noti, Denis Morin, 2022