samedi 9 octobre 2021

Morceaux de mémoire de Mathieu Dubé

 

Les éditions Sémaphore font paraître en 2021 dans sa collection Mobile des Morceaux de  mémoire de Mathieu Dubé.

Ce poète est né en 1980 à Valleyfield. Il y vit aussi.

Cet album de poèmes-collages tient à la fois du recueil de poésie et du livre-objet. Le poète joue au typographe, à l’artiste visuel et au scribe. Quant au poème, il s’offre sonore et visuel. Le contenant importe comme le contenu. L’agencement des mots et le découpage sémantique semblent laisser au hasard. Pourtant, j’ai l’impression qu’il n’en est rien, que tout est soupesé, analysé, reconstruit et que l’assortiment relève aussi de la minutie de l’artiste et de sa fine observation de la condition humaine. Cette aire de jeu se divise en quatre sections :  Le rire avant toute chose / Capitale de la couleur / Fragiles architectures / Recoller les morceaux.

Sous l’aspect ludique de la forme, il y a matière à réflexion et densité. Il y a de la chair autour de l’os, des formes autour du désir, un cri freiné dans le murmure, une soif de vivre au-delà du col de bière et de ses yeux bleus. Le poète nous étale au grand jour son imaginaire pour notre grand bonheur. C’est émouvant et jouissif comme une scène ou une galerie d’art où des textes sinueux, découpés, collés, montés exposent des fragments de vie. Les mots deviennent tesselles dans cette mosaïque scripturale. Mon iris en balade a songé à Apollinaire et Cocteau.

À lire, à consulter, à vous procurer, si vous aimez la poésie et les arts visuels. Jubilation en perspective !

© Texte du billet, photos, Denis Morin, 2021


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