vendredi 29 octobre 2021

Je suis là de Gildas Thomas

 

Gildas Thomas est un artiste inclassable. Il occupe la scène des théâtres à titre de comédien, mais il se défend aussi très bien comme auteur. Paru en 2021 chez JDH, son titre précédent Le dilemme raconte l’histoire d’un fils qui a contaminé un père du covid-19. C’est son propre drame familial. Visiblement préoccupé, voire hanté par l’idée de la mort, il revient toujours chez JDH dans la collection Nouvelles pages avec le roman Je suis là.

La couverture terrifiante avec ce visage à la Al Pacino est l’œuvre de Yoann Laurent-Rouault, écrivain, peintre et directeur des collections chez JDH Éditions.

Cette fois-ci, imaginez un homme mature qui s’écroule subitement. On l’hospitalise, coma. Par un revers de fortune s’il en est un, Pierre le narrateur maintenant (in)conscient avait signé un papier favorable à l’euthanasie. Prisonnier de son corps, il entend les visiteurs passer dans sa chambre. Les deux fils, l’aîné le prodigue et l’autre enjoué, dénoncent l’égoïsme de leur sœur, la préférée du père, prête comme la mère à enclencher un protocole de trépas. Cette longue cérémonie des adieux à l’époux, au père, à l’ami ne se fait pas sans confidences glissées à l’oreille du patient à la clôture des heures de visite. Le malade repasse cent fois le film de sa vie, accepte ses lacunes, voit les liens d’amour qui se font ou se délient pour se renouer... L’espoir peut-il être encore au rendez-vous ?

Reviendra-t-il de ce séjour entre la vie et la mort ? La famille respectera-t-elle les volontés exprimées alors que rien ne laissait présager la fatalité ? Et si une étincelle surgissait derrière le voile des paupières closes et un réveil survenait dans l’enveloppe corporelle en apparence inanimée sur un lit ?

Pour connaître les réponses à ces questions, je vous invite chaleureusement à lire ce livre qui m’a chamboulé le cœur. Bref, voici une prose pertinente, sensible, émouvante dans le même opus, bravo !

Extraits :

« Louis reprend : - Mais il dort ou il est mort, papi ?

Je reste cloué par la banalité de son propos. La mort n’a sans doute pas la même signification dans l’esprit d’un enfant de six ans que dans le nôtre, certes, mais tout de même… »

« Une caméra de cinéma montrerait assurément une salle d’attente dans laquelle les protagonistes seraient de parfaits inconnus les uns pour les autres. Je visualise très bien les regards furtifs et fuyants qu’ils échangent, les interactions muettes qui interviennent entre eux, les moues, les soupirs. Tout cela rien qu’à cause de moi, rien que pour moi. Je n’aurai jamais assez de gratitude. » 

© Photo, billet, sauf les extraits de Gildas Thomas, Denis Morin, 2021


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