samedi 5 juin 2021

Confessions ou les spams d'une âme en peine de Alain Cadéo

 


Alain Cadéo aurait pu être un dandy d’un autre temps, pris dans les jeux de la séduction et de l’ego, ou bien un existentialiste amer au ton désabusé. Or, il n’en est rien. Cet écrivain d’un âge certain est encore vif comme un gamin espiègle et tendre.

Dans Confessions ou les spams d’une âme en peine paru en 2021 aux Éditions La Trace arrive en un temps opportun. Je m’explique. Ce livre avec sa jaquette chic et monacale reposait élégamment sur une pile d’ouvrages à lire. À la fin mai, un cousin a décidé qu’il en avait marre de cette vie et ma mère âgée ébranlée par son départ est allée le rejoindre pour le consoler.

L’écrivain qui qualifie ce nouvel opus d’essai m’a offert sans le savoir son personnage attachant de Gaspard Staccato en guise de compagnon de deuil. Cet homme envoie des messages à quelques correspondants anonymes qui peu à peu font sa connaissance. On lui répond chaleureusement ou froidement. Fait à noter que le terme italien staccato fait référence aux notes qui se jouent détachées, contrairement au terme legato pour des notes liées entre elles dans l’exécution. Justement, ce cher Gaspard trop lié vraisemblablement par son ancienne condition humaine apprend peu à peu à s’éloigner des humains.

Cette œuvre de fiction à la prose poétique et si fine plaira à tous, peu importe nos croyances. J’ai senti Gaspard pris dans une salle d’attente, dans une sorte de purgatoire où il se questionne et où il nous interpelle sur le sens de la vie, de la mort, sur nos liens, sur la dureté des communications entre les gens.

Je referme ce livre avec gratitude envers l’écrivain et son Gaspard Staccato. Bref, c’est du baume pour le cœur et l’esprit !

Extraits :

« L’époque où je vécus ? C’est bien tout le problème. Je suis ancien comme une pierre et neuf comme aujourd’hui… et chaque jour recommencé. »

« Tu m’as dit Mariam ce qu’il fallait que j’entende. Personne ne me l’avait jamais dit. C’est si simple pourtant. « L’agité transcendant » comme tu l’appelles, n’a plus besoin de remorquer ses caravanes de remords. Il est temps de rompre le dernier fil de ce grand cerf-volant qu’est mon âme. Mon ombre au goût parfumé de tilleul t’enlace avec respect. C’est, ce sera mon ultime baiser de plénitude. »

 

© Photo, texte du billet sauf les extraits de A. Cadéo, Denis Morin, 2021


Aucun commentaire:

Publier un commentaire