dimanche 14 mars 2021

Éloi et la mer de Karine Geoffrion

 

Tout récemment, en mars 2021, je vous ai présenté du superbe roman La valse de Karine Geoffrion que je vous ai décrit comme étant ‘’de l’orfèvrerie’’.  En règle générale, quand j’aime une plume, je parcours le corpus littéraire afin d’en connaître un peu plus sur l’imaginaire de l'artiste.

Je remonte en 2015 avec Éloi et la mer, roman publié chez Les Éditions Sémaphore. Ce livre fait vibrer les cordes de l’intime. Madeleine est une femme entre deux rives, entre deux eaux. Elle ne sait plus où elle en est. L’onde calme de surface est brouillée. Elle voit trouble depuis qu’elle picole un peu trop. 

Elle aimait Jean, mais maria Richard. Ce mariage bat à présent de l’aile. À cela, s’ajoute fiston Éloi qui a décidé d’aller étudier à Rimouski, ville en bordure du fleuve Saint-Laurent, que les gens de l’est du Québec appellent poétiquement la mer.

Durant l’absence de son mari en voyage d’affaires, elle s’entiche d’Antoine, un jeune peintre qui a l’âge de son fils.

Jusqu’où ira-t-elle pour obtenir de la tendresse et de la considération ?

Fait à noter que ces deux romans ne contiennent aucune réplique. La narration est réalisée à la troisième personne comme une caméra qui capte à la fois les scènes et les tourments.

En bref, fascinante lecture; style juste; aucune ligne ni à ajouter, ni à retrancher.

Extraits : 

« Dans l’attente de l’approbation maternelle, Éloi n’était plus qu’un gamin de dix ans coupable d’une bêtise terrible, impardonnable. Elle était devenue si blême lorsqu’il avait prononcé le mot départ… Et semblait si fragile appuyée là, face au mur ayant recueillir sa surprise, ses deux mains enfoncées dans le comptoir sombre qui la soutenait, qui l’empêchait de s’effondrer. »

« Soulagée d’avoir évité un autre refus, elle ne perçut pas la pointe d’hésitation dans la voix d’Antoine, et s’élança d’un pas hardi vers le fond de la pièce. Son repas commandé, possédée par le désir de s’ancrer auprès de lui, de ne jamais le quitter, elle se positionna face au chevalet, son corps vibrant incliné vers la toile déjà amorcée. Antoine, par politesse, entretint la conversation jusqu’à ce qu’elle reçoive son plat, puis, impatient de reprendre son travail il se remit à peindre en silence. »

 

© Photo, texte du billet, sauf les extraits de K. G., Denis Morin, 2021

 

 

 


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