jeudi 19 novembre 2020

Signaux pour les voyants, poèmes de 1937 à 1993, de Gilles Hénault

 

Les poètes, c’est comme l’amour, ça ne meurt pas. Oui, les rides se creusent au front, mais la mémoire ancienne reste là.

Lise Demers, la fondatrice des Éditions Sémaphore, eut l’idée folle de publier en 2020 une anthologie de Gilles Hénault (1920-1996). Quelle excellente idée pour honorer ce poète abénaquis ayant passé une partie de sa jeunesse modestement à Montréal-Est avant de se tourner vers la poésie. Dans son itinéraire, il devint journaliste, syndicaliste, critique littéraire et d’art, fonda une revue littéraire. Plutôt pas mal pour un autodidacte !

Ce jeune homme libre aimant la nature et la beauté féminine sera sans tambours ni trompettes le père de la poésie moderne au Québec. À l’instar de Guillaume Apollinaire, il fut un artiste inventif, faisant fi des conventions, libre comme l’air, audacieux, curieux, esthète et épicurien. Bref, rien ne lui échappait. L’homme n’est plus là physiquement, mais sa voix par ses mots demeure.

Merci à Lise Demers pour son devoir de mémoire. Cette anthologie est une traversée du Québec d’hier à aujourd’hui.

Extraits :

« Le poème est l’expression concrète du vivant. »

 

« La porte se referme

Automate

L’homme s’avance

La porte de verre se referme.

L’homme trébuche sur le rayon photo-électrique

Les pas dévalent de l’autre côté de la vie

Le désir est une fausse clef

Seul l’amour fait tourner sur ses gonds

Le miroir du regard. »

 

« Les habitants des îles parlent très fort, crient très fort dans la tempête. Leurs cris insulaires, en détresse, dressent le pavillon désemparé des solitudes. Leurs cris de corail durcis par la distance s’entrelacent dans l’air tendu, d’une densité pareille aux profondeurs sous-marines. »


© Photo, texte du billet, sauf les extraits de G. Hénault, Denis Morin, 2020


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