L’écriture de Suzanne Myre provoque trois effets
chez moi. Elle me divertit, elle m’émeut et me fait réfléchir, ce qui est une combinaison gagnante vous en conviendrez. Dans Mises
à mort, recueil de nouvelles paru en 2007 aux Éditions Marchand de
feuilles, tout tourne de la mort et des pertes que l’on subit : un être cher
disparu, un animal frappé par une voiture, un événement que transforme le cours
de votre existence, la difficulté de communiquer entre les êtres, etc.
Les titres révèlent parfois l’humour décapant de l’écrivaine :
Vile ville, Cadeau d’anniversaire, Câlin manqué, Cellules
en l’air, Cendres amères, Ne vous endormez pas !, Félix et
le chat, Il l’aime tant, Point de salut, Dans la boîte,
La mort d’un dogue, Marie, à mort, Mona se terre.
Dans la boîte, nous avons le point de la veuve
enfin débarrassée de son tyran, celui de la gamine qui ne comprend rien en l’étrange
cérémonie des adieux qu’est un service funéraire, celui du défunt reposant dans
la douceur du satin.
Mon autre nouvelle préférée est Mona se terre
où une femme volubile doit calmer sa tête et accepter la disparition de son
amoureux lors d’une descente de rapides en canot.
Les nouvelles présentent l’avantage d’une plongée
rapide dans l’univers de personnages pittoresques sans perdre des heures à
revenir en arrière pour tenter de comprendre une intrigue ou pour se souvenir
des liens entre des personnages. On va au cœur du sujet.
À lire Suzanne Myre, si vous aimez une écriture mêlant
cynisme et tendresse. Moi, ça me fait un bien fou !
Extraits :
« Alors que Maryse est occupée à
flirter avec l’épagneul de Jacques, ou est-ce avec le Jacques de l’épagneul, Hygrade,
d’ordinaire si pacifique, se rue sur un « taï-chiant » et lui
croque la cheville, cheville qui soutenait le mouvement de « la grue qui
prend son envol ». Le petit chien est tenace, il mord dans le pantalon de coton
noir… »
« J’ai pensé m’enfuir en soulevant ma
jupe pour courir plus vite, comme Julie Andrews dans la Mélodie du bonheur
lorsqu’elle gambade dans les prés fleuris en chantant sa joie de vivre. Mais c’était
une pensée idiote, comme j’en ai souvent. Je portais des pantalons et je n’avais
aucune joie à chanter. Le petit nez rose et rond d’une religieuse est apparu et
j’ai pensé à Babe, le petit cochon qui voulait devenir berger. Je pense
souvent à des choses incongrues, quand je suis nerveuse. »
© Photo, texte, sauf les deux extraits
de S. Myre,
Denis Morin, 2020
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