Franck
Bouysse, ancien professeur de biologie et romancier depuis 2004, a publié chez
La manufacture de livres en 2014 le roman Grossir le ciel, réédité
Le livre de poche en 2015. Ce roman
qualifié de roman policier s’est mérité de nombreux prix dont le Prix SNCF du
polar 2017.
Nous
sommes dans un petit bled des Cévennes où la vie est rythmée par la traite des
vaches. Tout est en apparence tranquille, trop tranquille. Il y a quelques années,
Gus a vu sa mère blesser à mort son père, puis cette dernière se pendre au
retour de la prison à la grange. À la suite de ces deux tragédies, il se lie d’amitié
avec Abel, son voisin taciturne, avec qui il partage certains travaux de ferme
pénibles et quelques verres d’alcool le soir.
La vie
suit son cours jusqu’au jour où Mars le chien de Gus sort d’un buisson pris de
frayeur et qu’une plaque de sang couvre la neige chez son voisin. Gus soupçonne
Abel d’un crime, puis peu à peu tout tourne au drame.
Grossir
le ciel fut écrit
avec une grande maîtrise par son auteur. On avance lentement, trop lentement
pour le Nord-Américain que je suis, vers les ténèbres. Franck Bouysse installe
tranquillement le contexte, puis tout déboule tel un rocher dévalant vers le
creux d’un ravin.
Somme
toute, voici de l’écriture forte. Ça me plaît. Je reviendrai plus tard avec d’autres
titres de ce romancier.
Extrait
où l’on décrit Abel :
« À soixante-dix ans passés, il était encore vigoureux
pour son âge. Le travail d’une vie lui avait fabriqué des muscles qu’on voyait
encore sous la peau détendue de ses avant-bras barrés de veines grosses comme
de la ficelle de lieuse. Ce qu’on retenait surtout en le voyant, c’était ce
regard qui vous accrochait, et au travers duquel on pouvait deviner une histoire
qui avait dû être faite de plus de creux que de bosses. Ses yeux étaient
délavés, rincés par la vie, un peu comme le ciel quand il n’a pas vraiment de
couleur définie. »
© Photo, billet, sauf l’extrait de F. Bouysse,
Denis Morin, 2020
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