lundi 13 avril 2020

Grossir le ciel de Franck Bouysse




Franck Bouysse, ancien professeur de biologie et romancier depuis 2004, a publié chez La manufacture de livres en 2014 le roman Grossir le ciel, réédité Le livre de poche en 2015. Ce roman qualifié de roman policier s’est mérité de nombreux prix dont le Prix SNCF du polar 2017.

Nous sommes dans un petit bled des Cévennes où la vie est rythmée par la traite des vaches. Tout est en apparence tranquille, trop tranquille. Il y a quelques années, Gus a vu sa mère blesser à mort son père, puis cette dernière se pendre au retour de la prison à la grange. À la suite de ces deux tragédies, il se lie d’amitié avec Abel, son voisin taciturne, avec qui il partage certains travaux de ferme pénibles et quelques verres d’alcool le soir.

La vie suit son cours jusqu’au jour où Mars le chien de Gus sort d’un buisson pris de frayeur et qu’une plaque de sang couvre la neige chez son voisin. Gus soupçonne Abel d’un crime, puis peu à peu tout tourne au drame.

Grossir le ciel fut écrit avec une grande maîtrise par son auteur. On avance lentement, trop lentement pour le Nord-Américain que je suis, vers les ténèbres. Franck Bouysse installe tranquillement le contexte, puis tout déboule tel un rocher dévalant vers le creux d’un ravin.

Somme toute, voici de l’écriture forte. Ça me plaît. Je reviendrai plus tard avec d’autres titres de ce romancier.

Extrait où l’on décrit Abel :
« À soixante-dix ans passés, il était encore vigoureux pour son âge. Le travail d’une vie lui avait fabriqué des muscles qu’on voyait encore sous la peau détendue de ses avant-bras barrés de veines grosses comme de la ficelle de lieuse. Ce qu’on retenait surtout en le voyant, c’était ce regard qui vous accrochait, et au travers duquel on pouvait deviner une histoire qui avait dû être faite de plus de creux que de bosses. Ses yeux étaient délavés, rincés par la vie, un peu comme le ciel quand il n’a pas vraiment de couleur définie. »

© Photo, billet, sauf l’extrait de F. Bouysse,
    Denis Morin, 2020

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